<279>Au milieu d'eux Darget est à cheval;
Par le chemin Franquin lui sert de guide,
A ses côtés le mène par la bride.
Le bon Darget se trouvait assez mal,
Allant toujours, sautillant sur la selle,
Sous le pouvoir d'un conducteur brutal;
Ni plus ni moins, piquait sa haridelle.
Le fort Dumont,a actif et vigilant,
Dans un gros bois dressant une embuscade,
Au dur Franquin, détrousseur arrogant,
Y préparait grêle de mousquetade.
Lors, tout à coup il lui donne l'aubade,
Le plomb mortel fend les airs en sifflant;
En assaillant, on charge; on se défend.
L'un tombe à terre, et rend l'âme en hurlant,
L'autre, blessé, s'enfuit hors de lui-même,
Un autre meurt, sur l'herbe se roulant.
Le dur Franquin, ayant l'esprit présent,
Remarqua bien, dans ce péril extrême,
Que l'ennemi n'en voulait qu'à Darget.
Il fuit Dumont, il l'esquive, il l'évite,
De ses pandours il assemble l'élite;
Par un vallon, ce partisan adroit
Mène Darget, et, fuyant au plus vite,
Devant Dumont dans l'instant disparaît.
Le bon badaud, disant son patenôtre,
Bien malgré lui fuyait, en suivant l'autre.
Le dur Franquin, content d'être échappé
Au fort Dumont, qui l'avait attrapé,


a Le Roi veut probablement parler du lieutenant-général Du Moulin. Voyez t. III, p. 145.