<210>En pareil cas, il me souffle à l'oreille.
Il est allé, selon ce qu'on m'a dit,
Pour assister, et pour faire merveille,
Au Vatican, dans la pompe et le bruit,
Sa Sainteté, qui, dans sa grande église,
Dans ce moment nouveau saint canonise,
Un saint que tous vous ne connaissez pas,
Qu'on a tiré squelette de sa tombe.
Cet anonyme, après un long trépas,
Doit recevoir, hors de la catacombe,
Un bel étui, puis le baptisera.
Bientôt après, des miracles fera;
Et son idole, ayant partout sa niche,
A l'entour d'elle à deux genoux verra
Le scélérat, l'imbécile et le riche.
Dans les bons jours sa fête on chômera .....
Mais revenons enfin à ma harangue.
Mes chers enfants, si je déclame mal,
Prenez-vous-en à ma pesante langue;
Si m'entendez, c'est là le principal.
Or, écoutez : dans ce séjour royal,
Où dès longtemps je fais ma résidence,
J'ai seul versé dessus l'humaine engeance
Également et les biens, et les maux,
Que j'ai puisés de ces deux grands tonneaux.
Si le destin parfois me contrecarre,
Et me prétend asservir sous sa loi,
Je le retiens, mon pouvoir le rembarre,
Et lui fais voir que je suis seul le Roi.
Mais vous, mes saints, mes fils, mes chers apôtres,
Que j'avais crus plus sages que les autres,