<194>Quand on saura que ces grands capitaines,
Et ces soldats qui remplissent ces plaines,
Assez nombreux pour dompter les enfers,
Se sont laissé blouser par certains rêves,
Qu'un farfadet renverse leurs esprits,
Et, n'employant la force ni le glaive
Pour terrasser leurs vaillants ennemis,
N'ont rien osé que par ruse et finesse,
Lâches secours dont s'arme la faiblesse,
Pour enlever un gros marquis français?
Ce bel exploit, si digne de mémoire,
Chez nos neveux vous comblera de gloire;
Le monde entier vous lâchera ses traits.
Dieu sait comment, pour plaisanter et rire,
Sur nos héros s'égaiera la satire.
Au moins, messieurs, ne le trouvez mauvais
Si le public sans pardon vous déchire :
C'est en deux mots ce que je dois vous dire. »
Très-brusquement reprit le duc lorrain :
« Vous ne savez, Waldeck, ce que vous dites,
Quoique d'ailleurs vous ayez vos mérites;
Ce soir, plutôt que le jour de demain
Le Valori sera sur nos limites.
La nuit, ainsi me l'ordonna le saint;
Sa volonté, qui fut toujours parfaite,
Ainsi qu'aux cieux, dans notre camp soit faite! »
Tous les héros dirent : « Il a raison.
La question an est toute décidée;
Le quomodo reste encore en idée.
Comment s'y prendre, et de quelle façon? »