<94>Votre phénix des fils décemment introduit
De son zèle dans peu recueillera le fruit;
Au pieux exercice ardemment catholique,
Il en emportera Dieu sait quelle relique,
Qui, macérant sa chair, lui fera ressentir
D'un plaisir passager le cuisant repentir.
S'il passe chez l'Anglais, citoyen de taverne,
Impudent, crapuleux, ce cynique moderne
Prendra tous les défauts de cette nation :
Bizarre et singulier par affectation,
Il fera vanité d'étaler sa folie.
Dieu vous garde surtout, pour comble de manie,
Qu'il ne s'avise un jour d'avoir le spleen par goût,
Et, poussant l'anglicisme insensément à bout,
Pour marque des progrès qu'il fit dans son voyage,
Il ne se pende un jour, à la fleur de son âge.
Si Paris le retient dans un hôtel garni,
Voyez son char superbe artistement verni,
Ses laquais chamarrés, ses festins, sa dépense,
Au cours, à l'opéra sa folle extravagance,
Et pour prix de ses soins, son bien en moins d'un an
Fricassé par Manon, perdu dans un brelan.
Après tant de plaisirs, tant de galanterie,
Que va-t-il faire enfin dans sa triste patrie?
Ce seigneur opulent qui prodiguait son bien,
Puni de ses excès, doit partout et n'a rien,
Et pour lui la fortune ayant tourné sa roue,
Sans laquais, sans carrosse, il trotte dans la boue;
Ses créanciers brutaux, par un arrêt fatal,
L'enverront dès demain crever à l'hôpital.
Mais Posthume, dit-on, doit vous charmer sans doute :