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ÉPITRE IV. A ROTTEMBOURG.a SUR LES VOYAGES.

J'en conviens, Rottembourg, quoi que l'on en présume,
L'homme est un animal guidé par la coutume;
D'aveugles préjugés son esprit gouverné
Est par un vieil usage aux abus enchaîné;
L'immortelle sottise, allant de race en race,
Maîtrisera toujours la faible populace.
Le siècle la transmet aux siècles à venir,
Tout sot est son sujet; né pour la soutenir,
Il pratique avec soin son ridicule code.
Je ne vous peindrai point les travers de la mode,
Le bizarre pouvoir de ses frivoles droits,
Ses fantasques décrets, ses tyranniques lois,
Ses caprices, ses goûts, son audace effrontée,
Ses changements subits qui la font un protée;
Je compterais plutôt les roses du printemps,
Les épis de l'été, les grappes des sarments,


a Voyez t. II, p. 137 et 166, et t. III, p. 44.