<287>O champs de Fehrbellin! témoins de ses hauts faits,
Vous vîtes les Suédois attaqués et défaits.
Tel jadis du Très-Haut exerçant la vengeance,
D'un peuple, dans ses camps, punissant l'arrogance,
L'ange exterminateur frappa les Philistins :a
Tel, et plus grand encore en ses heureux destins,
Guillaume, dans ce jour au-dessus de sa gloire,
Exerce la clémence au sein de la victoire;
Il pardonne à Hombourg, dont l'imprudente ardeur
Engagea le combat, séduit par la valeur;
Il fait grâce aux captifs, à ces bandes altières,
De l'État désolé cruels incendiaires.
Mais s'il sait pardonner à ceux qu'il peut punir,
Des bords qu'ils ravageaient ardent à les bannir,
Il fait fuir devant lui leur troupe épouvantée
Vers les flots de la mer qui l'avait apportée.
Ses exploitsb sont suivis par des exploits nouveaux :
La Prusse à son secours appelle ce héros;
Les rigueurs de l'hiver, les flots couverts de glace,
Au lieu de l'arrêter, secondent son audace,
Et Thétis, étonnée au bruit de ces récits,
Voit transporter des camps sur ses flots endurcis.
Il vient, et son nom seul, qui répand l'épouvante,
Confond des ennemis la fureur insolente;
Il vient, il est vainqueur, tout fuit devant ses pas,
Et sans même combattre il venge ses États.
Ce héros, qui jouit d'une gloire immortelle,
Doit, nourrisson de Mars, vous servir de modèle.
Sans cesse étudiez, comme cet électeur,


a II Rois, chap. 19, versets 35 et 36.

b Ces exploits. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 394.)