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ÉPITRE VIII. A MON FRÈRE FERDINAND.a SUR LES VŒUX DES HUMAINS.

Tous les hommes sont fous. Platon, dans son erreur,
Leur donna la raison, et leur fit trop d'honneur.
Un triste instinct les porte à la vicissitude,
Leur vie est le tableau de leur inquiétude;
Empressés d'obtenir, lassés de posséder,
Leurs vœux et leurs destins ne sauraient s'accorder.
J'aime à voir tel qu'il est l'homme et son caractère,
Et l'exemple d'autrui sur mes défauts m'éclaire;
Oui, le cœur des humains, ce fidèle miroir,
Nous peint tous dans le vrai, si nous voulons nous voir.
Un jour, en raisonnant, je traversais la ville,
L'esprit tout occupé, suivi de Théophile;
Le hasard me mena du côté du jardin.
Un peuple d'importuns remplissait le chemin,
De mille voix en l'air le discordant mélange
Nous annonçait de loin la multitude étrange
Qu'assemblait en ces lieux l'esprit d'oisiveté.


a Voyez t. VI, p. 250.