<122>Cortez, le fier Cortez, avec peu de soldats,
Dompta Montézuma, subjugua ses États.
L'Africain consternéa voit, rempli d'épouvante,
Approcher de ses bords une ville flottante,
Et huit cents Espagnols lui paraissent des dieux :
Ils portent le tonnerre, ils lui lancent leurs feux,
Des monstres inconnus, des centaures rapides
L'atteignent, en courant, de leurs traits homicides;
Tout se soumet, tout plie, on enchaîne le Roi,
Cortez aux Mexicains fait respecter sa loi.
Ces cruels conquérants, dans ces champs de leur gloire,
Par des meurtres affreux ternissent leur victoire,
Les caciques, les rois sont livrés au trépas.
Depuis, l'astre brûlant de ces riches climats,
En dardant ses rayons sur cette ardente zone,
Ne vit plus de cacique ou de roi sur le trône;
Le peuple avait péri comme ses souverains,
Les fleuves regorgeaient du sang des Mexicains.
Parmi tant de fureurs et tant de funérailles,
On fouillait dans les monts; du sein de leurs entrailles
L'Espagnol retirait ce dangereux métal,
Du vice des humains mobile principal;
Les riches minéraux que recélait l'Afrique,b
La dépouille des rois, les trésors du Mexique,
Et tous ces biens acquis par des crimes hardis
Pour enrichir Madrid passèrent à Cadix.
On timbra les lingots, la pièce eut son poids juste,
De Charles8 à chacune on imprima le buste,


8 Charles-Quint.

a L'Américain troublé. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 166.)

b Que cachait l'Amérique. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 166.)