<104>Plutôt des humbles champs où s'élève Berlin
L'on pourrait découvrir le superbe Apennin
Que de connaître à fond tous les premiers principes;
Et pour les deviner fussions-nous tous Œdipes,
De cent difficultés cet énigme muni
En petit comme en grand présente l'infini.
Demande à ce docteur ce qu'est la cohérence,
S'il connaît la matière et sa pure substance.
Il avouera que non, mais sans cesse il écrit,
En mots alambiqués, un roman sur l'esprit;
Par un obscur jargon il veut expliquer l'âme,
C'est un souffle, une essence, une divine flamme;
Il invente des mots au lieu de définir,
Et se perd dans sa route au lieu de l'aplanir.
Sur des sujets abstraits sa raison trop stérile,
Voulant être profonde, est tout au plus subtile.
Sait-il donc s'il est libre, ou si la volonté
Obéit en esclave à la fatalité?
Il ne se connaît pas, mais son esprit devine
Que ce vaste univers n'eut jamais d'origine,
Ou prétend expliquer comment Dieu, par trois mots,
Tira l'ordre du sein de l'antique chaos;
Et ce juge éclairé, décidant sans connaître,
Dira comme de rien se peut former un être.
Sait-il ce qu'est le vide, a-t-il pu concevoir
Comment, tout étant plein, tout a pu se mouvoir?a
Laissons à cet Anglais digne de notre estime
L'honneur d'avoir trouvé par un calcul sublime
Les effets merveilleux nés de l'attraction;
Qu'il daigne m'expliquer ce qu'est l'impulsion,


a Voyez t. VII, p. 127.