<17>

CI.

Un élégant, en costume de la première moitié du dix-huitième siècle, contemple et compare, d'un côté, le torse de l'Ilissus du fronton du Parthénon, et de l'autre, la Cléopàtre de Potsdam, cette œuvre typique de la sculpture française au dix-huitième siècle.

Cette composition est empreinte d'une certaine ironie, dirigée contre les opinions et les jugements esthétiques de Frédéric II. Ce gentilhomme frisé et poudré, qui porte une bourse à cheveux, regarde avec dédain l'œuvre sublime de l'art grec, si plein de santé, de grandeur et de vérité, de la même façon que le royal poète considérait les chants d'Homère, expression poétique du même génie. Frédéric s'exprime en effet ainsi, dans cette „Epître à La Motte-Fouqué“ , consacrée à la gloire de son époque et de l'art contemporain:

Ah! dans ces jours où notre heureux destin
Nous a fourni, pour effacer Homère,
Un Apollon plus vif et plus brillant,
Comment peut-on, en possédant Voltaire,
Avec dédain regretter un instant
Ce vieux bavard toujours se répétant,
Que sans bâiller nul mortel ne lut guère?

CII.

Frédéric II décrit, sous une forme humoristique, la visite qu'à peine arrivé à Berlin, il s'empressa d'aller faire à son docte ami Jordan, dans sa retraite. Dès le seuil de la porte, dit-il,

Je fus frappé d'un grand Saint Augustin
Qui, de travers, s'appuyait sur l'ouvrage
D'un grand bavard, savant bénédictin.