4013. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Berlin, 9 décembre 1749.

J'accuse la bonne réception de vos dépêches du 17 du mois passe de novembre. Je n'ai jamais douté de la droiture des sentiments de notre ami connu, j'en suis trop convaincu, et mon grand estime pour lui n'en diminuera pas, quoique je sache que son antagoniste lui cache au possible tout ce qu'il y a d'affaires importantes, et qu'il ne lui en communique que ce qui lui paraît convenable. Je ne me fais point l'illusion de croire que c'est par un motif d'amitié envers la Suède, quand les cours de Vienne et de Londres ont insisté fortement auprès du chancelier Bestushew à ce que la Russie ne devait point rompre avec la Suède; peut-être qu'ils eussent agi bien différemment, si la France n'eût point parlé avec tant de fermeté qu'elle a fait en faveur de la Suède, si la Porte Ottomane n'avait pas fait une déclaration énergique au ministre de Russie, si le Danemark n'eût pris le parti de se concilier la Suède, si celle-ci n'avait agi avec autant de fermeté que de prudence, et si je n'avais pas tout fait pour l'aider; mais comme les cours susdite ont bien prévu qu'une rupture entre la Suède et la Russie entraînerait une guerre générale, qui, dans les circonstances présentes, ne leur con venait point, elles ont fait de nécessité vertu, pour inspirer plus de modération à la cour de Russie, et dans cette position-là je puis bien [croire] qu'elles sont actuellement dans une bonne disposition, quoique je<191> ne jurerais point qu'elles ne sauraient changer de sentiment, dès que les conjonctures leur paraîtraient plus favorables. Je ne vous remarque tout ceci que pour vous avertir d'envisager les choses dans leur vrai point de vue, et de former vos idées plutôt sur le vrai état des choses que sur des suppositions fausses.

Federic.

Nach dem Concept.