12972. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Kunzendorf, 20 juin 1761.

J' ai reçu la lettre que vous m'avez écrite du 16 de ce mois, et vous remercie des considérations et des réflexions sur l'état présent des affaires que vous avez bien voulu me communiquer, qui conviennent assez avec ce que j'en pense, selon mes dernières lettres au baron de Kyphausen.469-4 Nonobstant tout cela, il faut que je vous dise que les<470> opérations de la campagne commençant à présent de devenir très sérieuses, je ne me mêlerai plus dans ces moments ni de vos affaires, ni de celles de la paix et de la guerre qui sont de votre ressort, mais que j'abandonne présentement tout cela à vos seuls soins, d'autant plus que je ne saurais rien espérer de favorable pour moi, et que je vois bien qu'il faudra soutenir à bout toute la campagne; je me promets même peu de chose ou rien des négociations qui se traitent actuellement à Londres.

Remerciez fort poliment de ma part le sieur Mitchell de son attention, pour vous communiquer ces nouvelles intéressantes que le sieur Keith lui a mandées.470-1 J'avoue que je ne saurais guère concilier cette bonne disposition de la cour de Pétersbourg avec cette note que son ministre à Londres y a présentée,470-2 et avec les ordres qu'elle a donnés à son armée, pour pousser encore sur mes États et me presser, autant qu'elle pourra. Vous prierez le sieur Mitchell de faire remarquer cela dans sa réponse au sieur Keith, et de lui suppéditer toutes les raisons qu'il y a pour déraciner auprès de ladite cour ces craintes frivoles d'un ressentiment de ma part contre cette cour après la paix faite, que sans doute la clique autrichienne lui a ridiculement inspirées.

Voilà tout ce que j'ai présentement à vous dire encore. Il faut compter que notre correspondance sera interrompue et suspendue vers la fin de ce mois, par les mouvements que l'ennemi fera pour commencer sérieusement ses opérations.

Toutes ces négociations n'aboutiront à rien. On ne peut plus le dissimuler que cette campagne ait lieu; ainsi je ne veux plus m'embarrasser l'esprit de vains objets et de chimères.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



469-4 Nr. 12965.

470-1 Nach dem Briefe Keiths, d. d. Petersburg 29. Mai, waren die Russen zum Frieden geneigt, fürchteten aber, der König werde über sie herfallen, „dès que la paix lui aura donné le temps de respirer“ .

470-2 Die Note war vielmehr am 24. April von Woronzow an Keith in Petersburg übergeben worden.