12869. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Gœrlitz, 9 mai 1761.
. . . Nous sommes arrivés ici à Gœrlitz, sans avoir reçu le moindre mal. Laudon s'est éparpillé dans les montagnes de la Silésie, ses postes sont étendus depuis Waldenburg sur Altwasser, Leibersdorf,376-1 Reichenau376-2 et Baumgarten.376-3 Sa position me paraît bien dangereuse, et, autant que j'en puis juger, je crois qu'un de ses corps se repliera vers Trautenau et l'autre vers Silberberg.
Selon mes nouvelles du général Werner,376-4 les Russes ont prolongé leur trêve jusqu'au 27 de mai, et le général Buturlin a demandé des ordres à Pétersbourg pour la prolongation d'un plus long terme. Tout cela ne me dénote pas un grand empressement de leur part, cependant l'on me marque qu'ils font des magasins à Posen, et quelques personnes qui croient en être bien informées, assurent que le dessein de la grande armée est d'entrer le 6 de juin dans le camp de Posen.376-5 Si cela est, le maréchal Daun ne se mettra en mouvement que vers ce temps-là, et probablement il dirigera sa marche sur Gœrlitz, où je le défie de trouver des subsistances avant les premiers jours de juin; si cela arrive et qu'il prenne cette marche, vous ne pouvez prendre, mon cher frère, la vôtre que par Sagan.
Dès que je verrai un peu plus clair dans les affaires de la Silésie, je détacherai le général Goltz vers Glogau, qui sera obligé de se régler<377> sur les marches des Russes, soit qu'ils veuillent porter leurs forces du côté de Colberg ou du côté de la Silésie; si toute l'armée des Russes veut prendre le chemin de Colberg, le général Goltz s'y rendra également. On a préparé un camp retranché près de cette ville, où je crois que les corps du prince de Württemberg et de Goltz sont suffisants pour les arrêter. Si c'est qu'ils en veulent à Glogau, le corps du général Goltz sera suffisant pour les arrêter; et comme je me trouverai avoir alors les corps de Laudon et de Daun sur le corps, vous jugerez bien que ce sera moi qui aurai besoin de secours.
Si les Russes ne font que des démonstrations sur Colberg et sur Glogau, que377-1 dans l'intention de pénétrer dans la Marche, vous pouvez, dans un pareil cas, vous joindre avec Goltz et attirer à vous le prince de Württemberg, pour vous opposer à leurs desseins, selon l'exigence du cas et des circonstances. Les deux généraux recevront des instructions relatives à cet objet,377-2 par lesquelles ils seront instruits de la marche que vous ferez, au cas que le maréchal Daun se tourne vers la Silésie, et sur les différentes mesures qu'ils auront à prendre dans le cas que je viens de proposer. Si, par exemple, les Russes veulent se tourner du côté de Breslau, comme ils firent l'année passée, le général Goltz serait obligé de marcher de ce côté-là, et vous pourrez prendre votre marche également par le chemin de Parchwitz.
Il pourra arriver bien d'autres cas qu'il est impossible de prévoir et qui ne sauraient être décidés que conformément aux circonstances et à la fortune.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
376-1 Liebersdorf, nordwestl. von Waldenburg.
376-2 Nordwestnördl. von Waldenburg.
376-3 Südöstl. von Bolkenhain.
376-4 Bericht Werners, d. d. Colberg 30. April. Der König dankt dem General am 9. Mai für die von ihm gemeldeten Nachrichten. „Ich approbire auch alles gar sehr, was Ihr nach solchen gethan zu haben berichtet, und dass Ihr an das bewusste Lager [von Colberg] arbeiten lasset. Ich bin mit Meinem Corps hier zu Görlitz angekommen, ohne dass wir auf dem ganzen Marsch mehr als 200 Pferde vom Feinde in der Entfernung gesehen haben.“
376-5 An Lichnowsky schreibt der König, Görlitz 9. Mai: „Ich danke Euch auf das gnädigste vor die Mir in Eurem Schreiben vom 6. dieses gegebene Nachrichten. Ich glaube noch nicht gänzlich, dass sich die Russen noch zur Zeit in Mouvement setzen werden; inzwischen ist es sehr nothwendig, dass Ihr beständighin Espions, einen über den andern, nach Polen schicket, damit, wenn dorten das geringste wegen der Russen passiret, Ihr es sofort erfahret und Mir es citissime melden könnet. Ich bin den 13. dieses bei Hohenfriedberg. . . Sonsten habe Ich denen beiden Freibataillons von Salenmon und von Wunsch unter dem Capitän Thoss die Ordre geschickt, dass, wenn sie in Sagan Ruhetag gemachet, sie alsdenn nach Polkwitz marschiren und ihr Brod und sonstige Verpflegung aus Glogau bekommen sollen.“
377-1 So.
377-2 Nr. 12874 und 12881.