12849. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Meissen, 28 avril 1761.
Voici ma réponse sur lès différents articles que vous avez bien voulu m'envoyer à la suite de votre lettre du 28, pour savoir mes intentions là-dessus.
1° Si les Français pénètrent par la Thuringe dans le Halberstadt, vous ne pouvez leur opposer que les nouvelles levées des bataillons francs, parceque les ennemis n'y peuvent agir que par des incursions.
2° L'ennemi ne voudra pas ruiner la ville de Leipzig, ainsi le commandant pourra toujours attendre les extrémités et obtenir une bonne capitulation, en faveur que l'ennemi aura pour la ville.
3° Il n'y a que les circonstances seules du temps qui puissent décider s'il faut défendre Wittenberg ou l'évacuer. Il est impossible avant le temps de voir les circonstances où l'on se trouvera, et l'exigence des cas.
4° Il ne paraît bien plus vraisemblable que, si M. Daun quitte son camp de Plauen, qu'il se tournera plutôt vers la Silésie que vers Berlin, par la raison qu'il' ne peut pas amasser un assez grand charriage pour se faire suivre de ses vivres pour une grande armée, en pénétrant<360> de ce côté-là. S'il entreprend quelque chose vers Berlin, cela peut être par des détachements, mais non pas par toute l'armée.
S'il est difficile de prévoir tous les cas, il est plus difficile encore d'en prescrire les règles; mais le plus naturel, je crois, est, que le maréchal Daun voudra se porter dans la Silésie, car le projet de conquête que la cour de Vienne a formé, est de conquérir cette province,360-1 d'autant plus que la guerre tire vers sa fin et qu'il ne s'agit pas de conquérir la Marche, mais bien la Silésie.
5° Je serais bien embarrassé de trouver de meilleurs commandants pour Torgau et Wittenberg que Billerbeck et Süssmilch, et, dans tout le choix qu'on fera dans l'armée, on n'en trouvera pas de meilleurs.
6° Le colonel Arnstedt et le commissariat restent ici pour les vivres, et, si vous voulez qu'un officier général en ait l'inspection dans l'armée, il y a les deux généraux Stutterheim dont vous pouvez choisir tel que vous voudrez.
7° Les commandements des bataillons de grenadiers dans la succession de leurs chefs ont été confiés jusqu'ici aux plus anciens capitaines des bataillons, et ce serait un passe-droit pour eux que de recevoir un étranger qui n'est pas major;360-2 ainsi il faut bien que cela reste sur le pied où cela a été jusqu'à présent.
8° Il y a 20000 écus assignés de la caisse de Flesch pour les dépenses extraordinaires, qui sont entre les mains du commissariat, dont vous pouvez disposer, tant pour les espions que pour les récompenses et pour de pareils extraordinaires. 9° Les ordres au commandant à Magdeburg seront expédiés incessamment.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
360-1 Vergl. S. 355. Anm. 3.
360-2 Der Prinz hatte, Meissen 28. April, seinen Freund, den Hauptmann Grafen Henckel im Infanterieregiment Prinz von Preussen, zum Commandeur eines Grenadierbataillons empfohlen.