12755. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Meissen, 22 mars 1761.

J'ai reçu les rapports que vous m'avez faits du 3 et du 6 de ce mois. Je suis bien fâché d'apprendre les différends dont vous m'avez rendu compte, qui s'élèvent entre l'Angleterre et l'Espagne,278-2 qui ne me plaisent guère et qui me font appréhender qu'ils ne mènent l'Angleterre au point d'être ouvertement brouillée avec l'Espagne, ce qui serait bien mal à propos et hors de saison dans les conjonctures présentes. Je crains même que cela ne soit un manège des cours de Versailles et de Vienne que celle de Madrid s'explique avec tant de hauteur envers le ministère anglais pour amener l'Espagne à leur but. Voilà pourquoi je souhaiterais fort que ce différend saurait être composé amiablement dans un temps que le présent, pour n'avoir pas des suites.

Ce que j'en entrevois en attendant positivement, c'est que la France n'a point fait porter des paroles de paix par l'Espagne à l'Angleterre.

Pour ce qui regarde nos nouvelles d'Allemagne, je suis bien aise de vous dire que nous faisons ici de notre mieux et tout ce que nous<279> pouvons pour mettre le ministère anglais à son aise, afin de pouvoir négocier la paix avec d'autant plus de commodité. Le prince Ferdinand a trouvé à la vérité plus de difficultés dans l'exécution de son projet, qu'on n'aurait pensé au commencement, et voilà la raison pourquoi il n'a pu finir si tôt qu'on l'aurait souhaité; mais j'espère encore très bien de son succès. Quant à moi, je fais arrêter et harceler continuellement les troupes de l'Empire, afin d'empêcher par là que le maréchal de Broglie n'en puisse tirer aucun secours, et que le prince Ferdinand puisse avoir les bras d'autant plus libres dans ses opérations.279-1

Le courrier du sieur Mitchell279-2 est parti; je me suis expliqué à lui autant qu'il m'a été possible et de sorte que, si les ministres d'Angleterre s'avisassent contre toute mon attente de demander de nouvelles explications, je ne saurais que leur répondre, ni ce que je pourrais ajouter, hormis ce que je vous ai fait déjà écrire : savoir que le seul moyen de finir la guerre sera de faire d'abord plutôt tous les efforts que de la traîner par des moindres, vu que c'est toujours une épargne que de dépenser tout à propos, au lieu que ce serait multiplier les frais que de vouloir le faire peu à peu.

Quant à votre homme inventeur d'un feu liquide,279-3 il faut que je vous dise que, si sa machine ne saura pas pousser son feu liquide au-delà de 36 aunes ou 50 et à 100 pas en avant, on n'en saura faire aucun usage. Mais, si cet homme pourra porter sa machine pour jeter son feu liquide à la distance de 300 pas, alors vous le disposerez de passer ici chez moi, où, après son essai et expérience fait, je lui achèterai son secret et lui rembourserai honnêtement tous ses frais faits, de sorte qu'il aura lieu d'en être content. Vous lui direz encore qu'il n'importe pas quand même il faudrait des chevaux pour traîner sa seringue d'une plus grande composition que celle dont il est actuellement en possession, pourvu seulement qu'elle fasse son effet à une distance de 300 pas.

Federic.

Nach dem Concept.



278-2 Die preussischen Gesandten hatten, London 3. März, berichtet: „Le ministère de Madrid a commencé à agiter de nouveau . . la question du rappel d'un établissement clandestin que les habitants de la Jamaïque ont formé depuis longtemps à Mousquito sur cette partie de la côte du Mexique qui a (so !) voisine à la baie de Campêche, et qui a pour objet la coupe du bois de ce nom.“

279-1 Der König schreibt am 22. März an den General Goltz, „dass Ihr Euch sehr übereilet habet, wenn Ihr dem Prinzen Ferdinand von Braunschweig vor Euch immédiatement Nachricht von der Bewegung einiger östreichschen Truppen nach Wittenberg oder sonsten gegeben habet, da solches demselben nur einen unnöthigen Alarm verursachen kann“ .

279-2 Der Courier, welcher den Bericht Mitchells an Holdernesse vom 11. März zu überbringen hatte. Vergl. S. 256. Anm. 1.

279-3 Ein gewisser O'Kelli.