12529. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Naustadt, 23 novembre 1760.
Je vous suis très redevable de votre lettre obligeante du 17 de ce mois, et je me bornerai aujourd'hui à vous dire que, nous ayant débarrassés présentement des troupes des Cercles, il y a toute apparence que la prédiction que je vous ai faite, se réalisera, savoir que nos quartiers d'hiver ici seront les mêmes que l'ont été ceux de l'année passée.
Je crois, mon cher frère, que j'ai rencontré juste sur ce que j'ai auguré de notre situation. Enfin le prince Ferdinand va s'évertuer de son côté; il commence à comprendre qu'il ne doit plus souffrir les Français à Gœttingue. Cela est tard, mais pourvu que la fortune le seconde, il faut espérer que ses opérations pourront produire de grandes suites.
Vous me demandez des nouvelles de ma santé; ma pelisse m'a sauvé la vie, dont je lui ai peu d'obligation. J'ai eu pendant huit jours des douleurs à la poitrine qui se sont passées entièrement, et il semble que le Ciel ne me prolonge la vie que pour me réserver aux plus dures épreuves ; mais il faut que chacun subisse son sort. Vous ne me dites rien de votre santé, il est pourtant à présumer qu'elle est remise; je vous prie de m'en donner des nouvelles.
Hülsen a chassé les Cercles de Zwickau, j'attends son retour à Freiberg pour repasser la Triebsche. Meissen, Nossen et Freiberg feront les têtes de nos quartiers. Ces contrées où nous sommes ressemblent au désert de la Thébaïde; nous ne voyons que désolations. Daun fait passer beaucoup de troupes en Bohême; si cela continue, je me flatte que nous aurons quelque repos.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz (die drei letzten Abschnitte) eigenhändig.