<50> Wesel ne pouvait réussir que par un coup de main; ainsi il fallait faire le projet de surprendre la ville et tenter un coup de main, si la garnison n'était pas assez forte pour la défendre, mais ne pas faire un projet téméraire de siège. Le roi d'Angleterre et le prince de Cassel ne vous sauraient savoir non plus aucun gré de la prise de Wesel, sans que vous eussiez fait rétrograder le comte de Broglie ni le prince Xavier. J'ai cru, il y a longtemps, que vous auriez arrangé un coup pour vous défaire de ces ennemis-là. Si vous aviez voulu les souffrir en cette position où ils sont actuellement, un détachement de 20 bataillons et de 10 ou 15 escadrons que vous auriez fait du côté de Naumburg-surla-Saale, et que vous auriez pu retirer à vous après quinze jours de temps, m'aurait conservé la Saxe; il n'aurait pas été si considérable que 26 bataillons et je ne sais combien d'escadrons. Vous m'auriez mis par là en état de pouvoir vous seconder actuellement, ce qu'à présent je ne suis plus en état de faire, et vous auriez pu frapper un coup à la mi-novembre sur un de ces corps français vis-à-vis de vous. J'ai été en Silésie au temps que vous avez fait votre détachement sur le Rhin, et hors de toute connexion et correspondance avec les autres pays. Encore m'a-t-il été impossible de pouvoir juger de cette entreprise, à moins que de croire que vous aviez des intelligences dans la ville ou qu'il y avait du mécontentement et de la corruption parmi la garnison, ce que je pouvais ignorer, absent comme j'étais au delà de 40 ou de plus de 50 milles de vous. Mais si vous voulez vous donner la peine de relire ma lettre datée, je crois, de Guben,1 vous y verrez que je n'ai point approuvé cette expédition, même avant que j'en sus l'évènement. Vous vous souviendrez même qu'avant le commencement de cette campagne je vous ai écrit et l'ai dit à mon neveu et à feu Bülow2 que mon opinion était que vous deviez vous appliquer pour tourner toutes vos forces contre un de ces corps français et de bien battre l'un sur l'autre. C'était, selon mon opinion, la seule façon de faire une bonne campagne, parceque le passage du Rhin est trop éloigné de vous et ne pouvait réussir qu'en surprenant Wesel. Pour assiéger cette ville, il fallait une armée d'observation et une de siège. Il fallait au moins une armée d'une trentaine de bataillons et d'un nombre d'escadrons à proportion au delà du Rhin, une autre de 15 bataillons au moins et d'un nombre proportionné d'escadrons pour faire le siège, sans quoi vous voyez vous-même de quelle impossibilité il a été de réussir en ce siège. Enfin, quoi que vous pussiez me dire, il m'est impossible en conscience d'approuver cette entreprise, et quand même elle aurait réussi, on n'aurait pu la qualifier que de témérité heureuse.

Je suis si occupé à présent qu'il m'est difficile d'entrer avec vous dans les détails de vos dispositions, vu que j'ai à chasser les Russes



1 Vielmehr aus Trajuhn datirt. Vergl. Nr. 12437.

2 Vergl. S. 26.