<111>connaîtrait le roi d'Angleterre aujourd'hui régnant, et il me paraît que le ministère s'est un peu précipité là-dessus.1 Selon moi, il fallait mépriser plutôt que trop relever une pareille extravagance, quand même le fait en serait constaté, par la considération que les ministres de France se pourraient mettre en tête de vouloir faire de cette reconnaissance une de leurs principales conditions de leur paix à faire; et comme, d'ailleurs, Sa Majesté Britannique aujourd'hui régnante sera reconnue pour telle et pour successeur légitime de son grand-père, il ne fallait donner à penser à des visionnaires français comme si la couronne d'Angleterre relevait par là en quelque façon de la France, puisqu'on regardait en Angleterre comme une chose nécessaire que la France reconnût pour roi chaque successeur au trône. Voilà mes réflexions, dont je vous laisse les maîtres d'en faire convenablement usage ou non.
Vous remercierez très poliment le comte de Holdernesse de l'attention qu'il a voulu me marquer par la communication préalable de la lettre de Sa Majesté Britannique écrite à moi, à laquelle je ne manquerai pas de répondre incessamment,2 dès que le sieur Mitchell m'en aura remis l'original qui lui a été envoyé, et qui est encore en arrière à Glogau d'où j'espère qu'il me joindra aux premiers jours.
N'oubliez pas de me donner vos nouvelles sur les succès des expéditions des flottes que l'Angleterre a actuellement en mer, soit du côté de Pondichéry soit de la Martinique et autre part, afin que [je] sache m'en réjouir si elles seront, à ce que je désire, heureuses.
Je vois que je vous ai servi à souhait. Je souhaite que le prince Ferdinand en fasse autant et que ses succès aient assez de poids pour décourager les Français de cette guerre et les obliger sérieusement de penser à la paix. J'ai été assez heureux pour me trouver à la fin de cette campagne à peu près dans la même situation où j'étais à son ouverture. C'est un effet d'un hasard heureux qui m'a protégé cette année. Il serait cependant très imprudent d'inférer de là que mes armes seraient accompagnées l'année prochaine de la même fortune. Les dangers que nous courons, vont en augmentant, bien des raisons concourent à y contribuer, dont je vous épargne la longueur et le détail. Voyez donc, je vous prie, si l'on ne pourra pas trouver un joint pour amener les choses à une paix bonne et honorable. Car, croyez-moi, il n'y a que cela et ce doit être l'objet des espérances de tout bon chrétien.
Federic.
Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der Ausfertigung.
1 Nach dem Bericht der preussischen Gesandten vom 11. November war Yorke beauftragt worden, „de demander une explication à cet égard au susdit ambassadeur“ .
2 Vergl. S. 119.