11533. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

[Sophienthal, 12 octobre 1759.]

Chiffre à Knyphausen!

Selon toutes les apparences, les choses s'acheminent à la paix. L'Angleterre aura l'avantage de posséder le Canada et la Guadeloupe; pour nous, je me flatte qu'à la fin de la campagne nous nous retrouverons dans la situation où nous étions l'hiver placés.

Voilà donc ce que j'imagine. Il nous faut de l'onguent pour la brûlure, s'il est possible. Et voilà ce que l'on peut faire: ou de proposer que chacun garde ce qu'il possède à la paix, ou si l'on veut retroquer, comme la Prusse et mes possessions du Rhin ne valent pas de beaucoup près la Saxe, il faudrait penser à des équivalents, soit pour nous laisser la Basse-Lusace et dédommager le roi de Pologne par Erfurt, soit de me garantir la Prusse polonaise après la mort du roi de Pologne, soit enfin quel pays l'on voudra, pourvu qu'il y ait de l'onguent pour la brûlure. Le pis-aller sera de remettre les choses in statu quo, de même qu'elles l'étaient avant la guerre.

Mandez-moi ce que vous pensez de cette idée, il serait bien beau si l'habileté d'un négociateur pouvait par son artifice tirer un aussi bon parti de la paix; la France se brouillera incessamment avec les Autrichiens et les Russes, et cela nous donnera peut-être jour pour en profiter.

[Federic.]

Nach dem Concept. Eigenhändig.592-1

<593>

592-1 In chiffrirter Abschrift am 12. October an Finckenstein gesandt (vergl. Nr. 11532). Finckenstein chiffrirte das Schreiben mit dem Knyphausen'schen Chiffre (der dem König nicht zur Verfügung stand, vergl. S. 590. Anm. 4) und sandte es so am 16. aus Magdeburg, ohne königliche Unterschrift, ab.