10733. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE SCHMETTAU A DRESDE.

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Schmettau berichtet, Dresden 18. Februar: „La jeune cour est dans une situation fort triste et irriitée au possible contre le comte Brühl; car il fait des dépenses très fortes à Varsovie et ne leur envoie pas le sol. Les remises de la France ont cessé, et je sais que les derniers bijoux de la Princesse ont été mis en gage, et qu'on est réduit à faire vendre des nippes sous main. Aussi m'a-t-on fait savoir que Votre Majesté ferait bien du plaisir à la jeune cour, si Elle voulait ordonner que toutes les dames et femmes qui ont été de la vieille cour,

Breslau, 22 février 1759.

J'ai reçu vos deux rapports du 16 et du 18 de ce mois, que j'ai trouvé également aussi intéressants pour moi que je vous sais tout le gré possible de l'attention et du zèle que vous continuez de marquer pour moi et pour mon service.79-5 Aussi continuerez-vous encore de m'instruire sur tout ce que vous apprendrez par vos recherches.

doivent partir, soit pour Varsovie ou pour la Bohême. Par là on serait quitte de leur entretien, et leurs chipoteries cesseraient. Mais la jeune cour est obligée de faire semblant comme si elle en serait fort fâchée, quoique ce départ des femmes pour Varsovie causerait bien de l'embarras au comte Brühl, qui serait obligé de les entretenir.

„Après les compliments dont il a plu à Votre Majesté de me charger le 12 de ce mois pour la jeune cour,80-1 il parait qu'ils ont encore plus de confiance, et ils m'ont fait comprendre si Votre Majesté ne voudrait les faire assister de quelque somme, vu qu'on ne reçoit aucun argent du pays, et qu'on commence à être dans un état à faire pitié. Avec cela, les couches de la Princesse80-2 approchent.“

Je suis bien satisfait des sentiments de la jeune cour que vous m'accusez de sa part envers moi; je serai bien aise que vous tâchiez de cultiver ces sentiments autant que les circonstances le permettront. Vous leur donnerez même adroitement quelque espérance que, dans le cas de nécessité pressante, je pourrais bien l'assister de quelque somme; mais ce que vous leur inspirerez principalement, c'est qu'elle n'aurait qu'à faire du bruit et jeter des hauts cris envers le roi de Pologne ou la cour à Varsovie qui ne sauront pas l'abandonner au fonds pour leur subsistance, et qui sûrement alors lui enverraient de l'argent, vu que, sans cela, il n'y avait pas moyen de lui en arracher qu'avec importunité.

Au surplus, je consens et veux que toutes les dames et femmes de la vieille cour, sans exception, Madame Ogilvy80-3 à la tête, vu qu'elles ne finissent pas leurs mauvaises trames et manigances, doivent partir, dans un certain terme que vous leur déclarerez, de Dresde, soit pour Varsovie ou pour la Bohême. Sur quoi, vous vous conformerez et leur fournirez les passe-ports qu'il faudra à leur retraite, pour aller sans bruit aux lieux qu'elles se choisiront pour leur demeure dans lesdits pays.

Federic.

Nach dem Concept.



79-5 Ueber den Bericht vom 16. Februar vergl. Nr. 10732.

80-1 Vergl. S. 69.

80-2 Die Churprinzessin gebar am 13. April einen Prinzen, der die Namen Maximilian Emanuel empfing.

80-3 Vergl. Bd. XIV, 410. 496. 541.