6856. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 8 juillet 1755.
J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 28 du mois passé de juin, et suis bien aise de vous avoir déjà averti l'ordinaire dernier199-3 ce qui m'est revenu du voyage que le général russien Browne a fait envers Vienne, et dont il a voulu dérober la connaissance au public, malgré qu'on l'ait partout bien reconnu. Comme, aussi, les circonstances que vous me marquez dans le post-scriptum de votre susdite dépêche relativement à l'arrivée du feld-maréchal Browne à Vienne,199-4 qu'on a voulu masquer avec tant de secret, augmentent les soupçons que j'avais déjà conçus à l'occasion du premier, et qu'il ne faut plus douter qu'il ne s'agisse de concerter et régler quelque plan d'opération de guerre entre ces deux généraux, dont il m'est de la dernière importance d'en être exactement instruit, il faut que vous employiez toute votre adresse et savoir-faire pour percer ce secret, malgré tous les obstacles que je connais bien que vous rencontrerez, et que vous ne ménagiez pas même quelque somme convenable en argent pour parvenir à mes vues, dont je vous tiendrai compte.
Aussi, puisque je sais que, pour avoir de bons avis, il est indispensable que vous employiez des corruptions, vous n'avez qu'à me marquer<200> la somme qu'il vous faudra par an, l'un portant l'autre, pour cet usage, dont je ne manquerai pas de vous aider alors.
Au surplus, si les circonstances avaient voulu permettre que vous eussiez pu vous procurer, selon ce que je vous ai dit autrefois,200-1 quelque con[fident] secret dans la chancellerie, nous pourrions tirer de lui à présent un très bon usage par rapport aux deux généraux de Browne et à leur concert.
Du reste, comme l'on ne passe pas pour des originaux les tableaux de Holbein et du Corrège que j'avais envie d'acheter par vous,200-2 je ne prétends pas aussi de les avoir.
Federic.
Nach dem Concept.
199-3 Vergl. Nr. 6850.
199-4 Vergl. Nr. 6855.
200-1 Vergl. Bd. IX, 433.
200-2 Vergl. S. 180. 181.