<98>geuses auxquelles elle ne saura se prêter sans coup férir et sans y être forcée. Enfin, le susdit ministère s'est tant enfilé par ses ostentations vis-à-vis de la France qu'il ne peut plus reculer, ni s'en tirer, sans risquer leurs emplois et sans s'exposer à des recherches de la part de la nation ; il faut à présent ou qu'il rompe la négociation ou, en concluant avec la France, qu'il ait quelque grand avantage à faire voir à la nation pour répondre aux dépenses de l'armement qu'on a fait.1 Aussi paraît-il que ce ministère a déjà pris son parti là-dessus et s'est décidé pour la rupture, vu que j'apprends de lieu sûr2 que les ministres anglais tant à Vienne qu'à Pétersbourg ont ordre d'insinuer qu'on n'était pas éloigné de prendre des engagements pécuniaires avec la cour de Russie et même avec celle de Vienne, si les choses venaient à l'extrémité. C'est pour votre direction seule que je vous fais [part] de ces particularités, afin de vous mettre en état d'approfondir d'autant mieux ce qui se passe là où vous êtes à cet égard et les mesures qu'on prendra.

Federic.

Nach dem Concept.


6707. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 29 mars 1755.

Votre dépêche du 17 de ce mois m'est heureusement parvenue. A juger de ce que les dernières lettres de Londres nous ont annoncé,3 il paraît hors de doute que la rupture entre la France et l'Angleterre est inévitable.

Nous avons appris que le contre-projet en forme que le ministère anglais a remis à M. de Mirepoix, est tel qu'au jugement que cet ambassadeur en a fait lui-même, la France ne l'acceptera jamais et qu'en conséquence l'on a tout lieu de craindre que la négociation n'échoue. Que le ministère anglais, en armant aussi furieusement qu'il l'a fait et qu'il le fait continuer encore, avait tant échauffé la nation qu'il se voyait à présent hors d'état de traiter avec aisance avec le duc de Mirepoix, et que les susdits ministres s'étaient autant enfilés qu'ils n'étaient plus les maîtres de faire quelque chose de raisonnable avec la France, à moins qu'elle ne leur accordât des avantages dont ils sauraient faire montre à la nation pour répondre aux frais de l'armement et à la supériorité que la nation se persuadait avoir sur la France; enfin, que les ministres s'étaient avancés au point qu'ils ne sauraient plus reculer, ni s'en tirer, sans s'exposer à des recherches et de perdre leurs charges.

J'ai d'ailleurs appris de lieu sûr que le ministère anglais vient de songer à prendre des engagements pécuniaires avec la cour de Péters-



1 Vergl. S. 65. 66.

2 Durch Bericht Michell's vom 14. März.

3 Vergl. Nr. 6705.