extrême réserve des différends de sa cour à tous les ministres des puissances alliées de la France, et je suis peut-être celui envers lequel il s'ouvre le plus. Ce silence, dont plusieurs d'eux sont extrêmement choqués, provient, à ce que l'on prétend, de la résolution qu'on a prise ici de montrer à l'Angleterre la plus grande envie de maintenir la paix et de ne se prêter à rien qui puisse lui inspirer des soupçons du contraire; ce qui, à ce que l'on prétend, ne saurait avoir lieu, si on se concertait avec des puissances ailiées, avec lesquelles on n'est pas toujours sûr du secret et dont les mouvements seraient de nouvelles armes pour la nation anglaise dont elle se servirait avec avantage pour soulever le gouvernement contre la France … La France ne fait, à l'exception de son armement maritime, aucuns autres préparatifs de guerre, faute qui sera heureusement réparée, au moins en partie, par les arrangements qui ont été pris l'année passée pour l'assemblée de deux camps, dont l'un sera en Flandre et l'autre en Alsace et dont j'envoie ci-joint les listes à Votre Majesté.'“1 | velles que j'ai eues de Londres, et parcelles encore2 que mes ministres vous communiqueront aujourd'hui, je vois bien clairement qu'on a fermement résolu en Angleterre la guerre contre la France, de sorte que, si M. de Rouillé ne le voit pas de même, je n'en [saurais] que penser de son aveuglement. Ainsi vous me rendrez un service essentiel, quand vous ferez tout ce que vous pourrez, quoique sans m'exposer aux soupçons ordinaires des ministres de France, comme si je ne voulais que les commettre,3 qu'ils prennent bien leurs précautions sur les desseins de l'Angleterre, qu'il n'y avait pas de l'ostentation seule, mais que les choses pourront devenir très sérieuses, et en très peu de temps peut-être. Que les insinuations que le duc de Newcastle avait faites de nouveau au duc de Mirepoix, et dont mes ministres vous marqueront le détail, n'étaient qu'une supercherie toute pure pour surprendre d'autant mieux la France; enfin, que la grande et la plus principale affaire était présentement que la France se servît de tous moyens propres pour s'attacher l'Espagne.4 Que le temps n'était plus pour vouloir user de ces ménagements envers l'Angleterre dont vous faites mention dans votre lettre à moi immédiatement adressée, que ce ménagement aurait été peut-être bon avant que les choses eussent été poussées au point où elles sont actuellement, mais, dans ce temps critique, de la fermeté montrée de la part de la France aurait plus étonné et frappé les Anglais. Voilà le précis de ce que vous direz sûrement de ma part à M. de Rouillé, quoique je vous recommande encore de le faire avec beaucoup de ménagement et avec toute la douceur possible, afin que ma bonne et fidèle intention que j'ai pour les intérêts de la France, ne soit pas prise à travers. Au surplus, c'est bien en vain, quand les ministres de France se flattent de pouvoir cacher leurs sentiments à l'Angleterre, elle qui a tant d'espions en France qu'elle est aussi bien informée de leur façon |
1 Die Listen geben für das Lager an der Sambre 28 Escadrons und 16 Bataillone an, für das an der Saar 25 resp. 15.
2 Michell's Bericht vom 28. März. Vergl. Nr. 6725.
3 Vergl. S. 107.
4 Vergl. S. 106.