522. A L'ÉLECTEUR DE BAVIÈRE A LINZ.

Camp de la Neisse, 22. septembre 1741.

Monsieur mon Cousin. J'ai reçu avec une très grande satisfaction la lettre que Votre Altesse Électorale vient de m'écrire. Je prends toute la part imaginable à la moisson de gloire qu'Elle va faire, et je suis sûr que Ses armes prospèreront au gré de Ses désirs.

J'ai voulu marcher droit à M. de Neipperg, alors campé à Frankenstein, mais sa prudence m'a prévenu, car il s'est retiré derrière la Neisse; pour lors, j'ai fait des marches forcées pour le couper de la ville de Neisse, mais il m'a prévenu d'une demi-heure. Son armée cependant commence à manquer de tout, je passerai la Neisse en peu de jours, et, si M. de Neipperg ne me cède le terrain, je serai obligé de l'y forcer.

Valory vient de recevoir un courrier du maréchal de Belle-Isle, qui lui envoie les préliminaires du traité avec la Saxe, dont les conditions sont l'acquisition de la Moravie et de la Haute-Silésie, avec le titre de roi. Je crois que cet accord est conforme aux intérêts et aux idées de Votre AltesseÉlectorale, l'accession de la Saxe étant pour nous un coup de parti, depuis la malheureuse bataille que les Suédois ont perdue contre les Russes.

Je prie d'ailleurs Votre Altesse Électorale d'être persuadé que mon cœur est inséparable du Sien, que je n'aurai jamais d'ami qui soit plus de mon choix — si je puis m'exprimerainsi — qu'Elle: en un mot, je regarde nos liaisons comme indissolubles et éternelles. J'attends avec une grande impatience le moment de la signature du traité. Votre Altesse Électorale n'a qu'à stipuler de Son côté ce qu'Elle jugera à propos, rien ne rencontrera de difficulté chez moi.

Les Autrichiens ne se rebutentpoint de négocier ici, mais Votre Altesse Électorale peut être sûre qu'ils n'avanceront pas plus qu'ils n'ont fait jusqu'à présent. Neipperg a grande envie de copier en Silésie ses négociations de Hongrie. Il s'en est avisé trop tard, et mes engagements sont trop sacrés pour que je les rompe de ma vie.

<350>

Je suis avec les sentiments de la plus parfaite estime et de la plus vive tendresse, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse Électorale le très fidèle ami, allié, cousin et frère

Federic.

Nach der Ausfertigung im K. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.