83. AU CONSEILLER DE ROHD A COLOGNE.

Berlin, 27 septembre 1740.

Je suis bien aise d'apprendre les particularités que vous me mandez en date du 16 de ce mois, touchant la destination des sommes qui sont entrées depuis peu dans les coffres de l'Électeur, et les artifices qu'on emploie pour en cacher les sources au public.

L'électeur de Bavière ayant conclu tout récemment un traité de subsidesavec la France, il est très vraisemblable que celui de Cologne en aura fait un pareil avec cette couronne, et que c'est en conséquence de ce traité que l'argent en question lui a été payé.

Il est à présumer qu'on prendra toutes les précautions imaginables pour en dérober laconnaissance au public.

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Il sera pourtant bien difficile d'empêcher qu'il n'en transpire rien, vu le grand nombre de personnes qui, à cause des payements qu'il y aura à faire, en doivent êtreinstruites, et je ne doute pas que la cour de Vienne ne se donne tous les mouvements imaginables pour savoir au juste ce qui en est, de sorte que j'espère que vous trouverez aisément moyen de vous mettre au fait de cette affaire, et de découvrir quel est l'objet principal du traité dont il s'agit, en quel temps il a été conclu, à quoi l'électeur de Cologne s'y est engagé, à quelles conditions, et pour quel terme.

Vous n'épargnerez aucun soin pour approfondir cette matière, et pour obtenir, si faire se peut, une copie du traité en question. Vous ne ferez pourtant ces recherches que sous main, et sans faire paraître le moindre empressement ni inquiétude. Vous vous informerez aussi avec toute l'exactitude possible, et vous me ferez un rapport détaillé et sur lequel je puisse faire fond, de l'état des troupes que l'électeur de Cologne entretient à l'heure qu'il est dans l'électorat, aussi bien que dans les évêchés dont il est pourvu, à combien se montent celles qu'il a effectivement sur pied, comment elles sont entretenues et disciplinées, et jusqu'à quel point l'Électeur en pourrait augmenter le nombre dans ses différents États, en cas que la France voulût en fournir les frais.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.