<97>des Français; ils s'avancèrent cependant du côté de Tournai, et vinrent camper dans les plaines d'Anderlecht. Ce voisinage n'empêcha pas les Français d'ouvrir la tranchée le 1er de mai. Les alliés, sentant de quelle importance il était pour eux de sauver Tournai, résolurent de tout hasarder pour obliger Louis XV à lever ce siège.

Du côté du sud, en remontant la rive droite de l'Escaut, est situé le village de Fontenoi, lieu jusqu'alors obscur, mais qui est devenu célèbre par l'événement qui porte son nom. Ce fut dans cette contrée que le maréchal de Saxe choisit un terrain qu'il crut assez avantageux pour renverser les projets du duc de Cumberland en s'y présentant. Il ne laissa au siège qu'un nombre suffisant de troupes pour le continuer : il appuya sa droite à l'Escaut; il garnit d'infanterie et de canons le village d'Antoing, situé au bord de cette rivière; il forma ses deux lignes d'infanterie en potence vers le mont de la Trinité, qui se trouvait à l'extrémité de sa gauche; sa cavalerie, rangée derrière son infanterie, faisait sa troisième ligne; de plus, le village d'Antoing était flanqué d'une batterie qui s'élevait sur l'autre rive de l'Escaut; trois redoutes lardées d'infanterie et de canon couvraient son front de bataille; vers la gauche de son armée régnait un bois où les Français firent des abatis pour le rendre impraticable.

Le 11 de mai, dès l'aube du jour, l'armée des alliés déboucha du bois de Barry, et se forma dans la plaine sur deux lignes vis-à-vis de l'armée française. La gauche des alliés engagea l'affaire. Les troupes hollandaises devaient attaquer les villages de Fontenoi et d'Antoing; elles s'y portèrent mollement, et furent deux fois de suite vigoureusement repoussées par les Français. Alors les Anglais détachèrent quelques brigades pour s'emparer des redoutes qui couvraient le front de l'armée française. Le général qui fut chargé de cette commission, la trouva peut-être dangereuse, et ne l'exécuta pas. M. de Königsegg, jugeant qu'il perdait du monde en détail et qu'il n'avançait pas, voulut brusquer l'affaire : il attaqua l'armée française, en laissant les villages et les redoutes derrière lui. Si ce projet lui avait réussi, tout ce qu'il y avait de Français enfermés dans ces postes aurait été fait prisonnier après la victoire, ce qui aurait rendu cette bataille le