<143>lerie? Mais en quittant la Bohême le Roi pouvait remonter, recruter, équiper les troupes, les mettre dans l'abondance, et leur donner du repos, pour s'en servir, s'il le fallait, le printemps prochain; outre qu'il paraissait probable qu'après la bataille de Soor l'Impératrice-Reine pourrait être plus disposée qu'auparavant d'accéder au traité de Hanovre.

Après avoir campé par honneur cinq jours sur le champ de bataille de Soor, le Roi ramena ses troupes à Trautenau : le prince de Lorraine était encore à Ertina, prêt à retourner à Königingrätz au bruit de l'approche des Prussiens. On apprit dans ce camp que M. de Nassau avait battu, le jour de la bataille de Soor, un corps de Hongrois auprès de Léobschütz, et qu'il avait fait cent soixante-dix prisonniers. M. de Fouqué avait aussi trouvé moyen d'enlever quatre cents hussards entre Grulich et Habelschwerdt, qui furent conduits à Glatz. M. Warnery, qui était avec trois cents chevaux à Landeshut, ayant appris qu'un nouveau régiment hongrois de Léopold Palffy avait marché à Böhmisch-Friedland, les tourna, les surprit, et ramena de son expédition huit officiers et cent quarante soldats prisonniers. Mais comme le bonheur est mêlé à l'infortune, M. de Chasot,a du corps de Du Moulin, ne fut pas si heureux dans son entreprise sur Marschendorf : il fut attaqué et battu par l'ennemi, et perdit quatre-vingts hommes.

Après que l'armée eut achevé de consumer les subsistances des environs de Trautenau, elle se prépara à retourner en Silésie par le chemin de Schatzlar. De toutes les gorges et de tous les défilés de la Bohême, les plus mauvais se trouvent sur ce chemin : soit qu'on avance, soit qu'on recule, il faut user de toutes les


a Nous devons remarquer que, plus haut, p. 129, à l'occasion de la bataille de Hohenfriedeberg, le Roi n'accorde pas à Chasot une seule parole de reconnaissance; cependant, après chacune des glorieuses journées de la seconde guerre de Silésie, il l'avait récompensé de la manière la plus flatteuse. Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse mit seinen Verwandten und Freunden. Berlin, 1838, p. 104 et 105. Dans la première rédaction de l'Histoire de mon temps, de 1746, le Roi s'était exprimé ainsi, à propos de la bataille de Hohenfriedeberg : " Le général Schwerin, cousin de celui qui avait si bien fait à l'affaire de Jägerndorf, le major Chasot et beaucoup d'officiers s'y firent un nom immortel. "