<44>avoir bien médité son projet et l'avoir soutenu d'une bonne disposition. Il doit connaître tous les avantages et désavantages des terrains, pour profiter des premiers et éviter les autres. Il doit d'ailleurs étudier le local du pays, les chemins, les postes dont il peut faire usage en cas de besoin, et connaître plus d'une route pour se retirer, si la supériorité de l'ennemi l'y oblige. Il doit avoir assez de routine pour bien savoir raisonner ses positions, comme celles de l'ennemi, pour savoir se défendre avec habileté, et attaquer en prenant ses plus grands avantages. Il doit sans cesse penser à de nouveaux projets, car l'unique façon de faire que l'ennemi soit tranquille, c'est de lui donner le plus d'occupation que l'on peut. Il doit envisager chaque camp qu'il prend comme un champ de bataille, parce qu'il peut y être attaqué d'un jour à l'autre, faire une sage disposition de défense, et surtout la communiquer et en bien expliquer l'idée et le sens aux officiers qui servent sous lui dans le même corps. Il faut, de plus, qu'à droite et à gauche, et derrière lui, il ait des lieux qu'il ait fait reconnaître pour y camper, s'il croit se voir obligé, par de bonnes raisons, de quitter son poste. Il doit s'être rendu la tactique assez familière pour régler toutes ses marches sur ses principes; surtout il faut qu'il pense à ses arrière-gardes, qui, dans ses mouvements, risquent continuellement d'être entamées. Il doit être dans une continuelle méfiance, se défier de tout ce que l'ennemi peut entreprendre, toujours supposer ce qui pourrait lui arriver de plus nuisible, pour s'en garantir, tenir la main à la discipline la plus exacte, pour que ses ordres soient bien exécutés, et obliger les officiers à la plus grande exactitude dans le service et à une vigilance égale à la sienne. Il faut surtout qu'il se garde de surprise, et qu'il pourvoie, par ses bonnes dispositions, aux échauffourées qu'on pourrait lui donner à la faveur de la nuit et des ténèbres. C'est dans les détachements que les partis et les patrouilles sont le plus nécessaires; il les faut considérer comme les yeux et les oreilles du général qui les commande. Si ce détachement sort de l'armée pour prendre poste à quelque défilé que l'armée veut passer, il faut que le général s'y retranche et fasse ferme; si c'est pour observer l'ennemi, le lieu même n'est pas si important,