<IX>

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

Les ouvrages militaires de Frédéric sont de deux espèces : les Règlements et les Instructions. Les premiers traitent de la partie purement technique du service, c'est-à-dire, du maniement des armes, des évolutions, en un mot, de ce qu'on nomme ici le petit service (den kleinen Waffendienst), et en France l'école du soldat, l'école de peloton, de bataillon, etc. Ces écrits sont tous rédigés en allemand. Les Instructions ont pour objet l'art de la guerre dans ce qu'il a de plus difficile et de plus élevé; ce sont de véritables ouvrages scientifiques et en quelque sorte littéraires, composés les uns en allemand, les autres en français.

Les Règlements du Roi pour l'infanterie, la cavalerie (les cuirassiers), les dragons et les hussards, étaient en partie la reproduction de ceux que Frédéric-Guillaume Ier avait publiés pour l'infanterie dès 1714, et pour la cavalerie à partir de 1720. Frédéric commença, en 1743, à les faire réimprimer, en y ajoutant quelques suppléments, fruits de sa propre expérience. Dans ses ouvrages en français, il donne à ces Règlements le nom d'Institutions militaires,I-a et <X>il les appelle le catéchisme de ses officiers, par opposition aux ouvrages dans lesquels il parle des grands principes de la guerre et de ce qui concerne les généraux.II-a Les Règlements n'ayant aucun caractère scientifique ni littéraire, nous n'avons pas cru pouvoir les admettre dans notre recueil.

Il n'en est pas de même des ouvrages diversement intitulés que le public connaît sous le nom général d'Instructions militaires, nom par lequel nous les avons désignés en commençant. Avec son infatigable activité. Frédéric en composa un grand nombre de 1741 à 1785, en mettant sans cesse à profit les lumières que l'expérience lui fournissait. Son but était, comme il le dit lui-même,II-b de rectifier ses propres idées, et d'étudier de nouveau les principes de la guerre ou de les enseigner aux officiers de son armée. Ces Instructions sont de tout point dignes d'entrer dans notre édition des Œuvres du grand roi, soit par leur valeur intrinsèque, soit par leur mérite littéraire, soit enfin par le jour qu'elles jettent sur la vie intellectuelle de leur auteur. L'ordre dans lequel nous les imprimons, savoir, celui de leurs dates, ne contribuera pas moins à faire connaître le développement des idées de Frédéric sur la tactique. Nous ne saurions éviter d'en donner quelques-unes qui touchent au domaine des Règlements; mais comme elles présentent aussi les caractères du genre dans lequel nous les classons, elles forment, pour ainsi dire, la transition des premiers de ces ouvrages à ceux qui nous occupent.

A notre grand regret, nous n'avons pas pu ranger les Instructions en une seule série chronologique, parce que nous avons cru devoir séparer les trente-huit ouvrages en langue allemande des seize qui sont rédigés en français; une traduction des premiers nous aurait offert, il est vrai, l'avantage d'imprimer de suite les cinquante-quatre écrits militaires de l'auguste auteur, mais, en revanche, cela aurait ôté aux pièces traduites une grande partie de leur originalité.

Nous sommes heureux que notre recueil des ouvrages militaires du Roi ait obtenu l'approbation d'un juge aussi éclairé que Son Excellence monsieur le général de cavalerie de Reyher, chef de l'état-<XI>major général de l'armée, qui a bien voulu revoir avec l'attention la plus scrupuleuse le texte de toutes les pièces, et qui pousse même l'obligeance jusqu'à relire les épreuves de ces trois volumes. On comprend combien le concours de ses lumières nous a été précieux à tous égards, et quelle reconnaissance nous devons à cet officier distingué.

I. LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA GUERRE, APPLIQUÉS A LA TACTIQUE ET A LA DISCIPLINE DES TROUPES PRUSSIENNES.

Les Archives royales possèdent trois manuscrits de cet important ouvrage, savoir : deux rédactions différentes en français et de la main de l'Auteur, et une traduction officielle en allemand, écrite par un secrétaire.

La première rédaction originale, conservée aux Archives de l'État (K. 365. G), date de 1746 ou 1747; elle est intitulée : Instruction pour les généraux qui auront à commander des détachements, des ailes, des secondes lignes et des armées prussiennes. Ce manuscrit se compose de quarante-sept pages in-4, sur papier à tranche dorée; il est enrichi de sept plans dessinés rapidement et sans art par l'Auteur lui-même, qui du reste n'y indique ni le temps ni le lieu où il l'a rédigé. Mais comme les exemples cités dans cet autographe sont tirés de la seconde guerre de Silésie, et que les batailles de Hohenfriedeberg, de Soor et de Kesselsdorf y sont mentionnées, la rédaction ne peut pas en être antérieure à l'année 1746. A cette preuve tirée du contenu même de l'ouvrage vient s'enjoindre une qui ne permet plus de conserver aucun doute. Dans son Testament politique (inédit), daté de Sans-Souci, 7 novembre 1768, et conservé aux Archives de la maison royale (149. G), Frédéric dit, p. 45, en parlant des principes fondamentaux de la guerre : « Je joins à cet ouvrage l'Instruction que j'ai donnée à mes généraux. Il ne faut pas <XII>s'étonner si vous trouvez quelque contradiction dans ce que j'écris à présent et ce que contient cette Instruction. La raison en est que j'avais minuté cette Instruction après la paix de 1746, et que, dans les guerres précédentes, l'ennemi ne connaissait ni le terrain ni la tactique, que son artillerie était pitoyable, et que son infanterie ne valait pas mieux. » - Quant au second autographe, il a été achevé le 2 avril 1748.

On ne lira pas sans intérêt le résumé exact que nous allons donner du contenu de l'Instruction pour les généraux. Après une courte introduction vient un premier article, composé de douze règles Pour empêcher les désertions. L'article II traite De la qualité des troupes prussiennes et du mérite qui leur est propre. Les articles suivants ne sont pas numérotés, à l'exception du quatorzième; en voici les titres : Des projets de campagne; - De la subsistance et du commissariat; - De la bière, de l'eau-de-vie, des vivandiers; - Des fourrages secs et verts; - Des campements; - Des sûretés que l'on prend pour la garde du camp; - De la connaissance du pays et du coup d'œil; - De la distribution des troupes; - Des attachements, comment et pourquoi ils doivent se faire; - Des talents qu'il faut à un général; - Des ruses, des stratagèmes de guerre, des espions. - XIV. Autre article. Il y a une autre espèce de ruse qui est admirable, c'est celle des doubles espions, etc. - Des marques par lesquelles on peut deviner les intentions des ennemis; - De la différence des pays, et des précautions auxquelles ils obligent un général; - Des marches d'une armée en avant, ou pour une retraite, ou pour une bataille. NB. Marches pour joindre des secours; - Des retraites en colonnes renversées; - Des précautions qu'on doit prendre dans les retraites contre les hussards et les pandours; - Comment les Prussiens doivent traiter les troupes légères quand nous faisons l'offensive; - De ce qu'un général peut attendre des mouvements qu'il fait faire à son armée; - Des passages des rivières; - De la défense des rivières; - Des surprises des villes; - De l'attaque et de la défense des places; - Des batailles de toute espèce (c'est à ce dernier article que se rapportent les sept plans dont nous avons parlé); - Des raisons de mes nouvelles manœuvres de cavalerie et d'infanterie; - Des chaînes des quartiers d'hiver, <XIII>et de tout ce qui peut avoir rapport à ces quartiers; - Des campagnes d'hiver.

A la fin de l'ouvrage on lit le mot Dixit; la signature manque.

Quelques-uns des articles que nous avons énumérés sont fort courts, d'autres presque entièrement raturés. On reconnaît dans tous le premier jet des Principes généraux.

Frédéric s'est servi de cahiers de deux et de quatre feuilles; il a mis en tête du premier le titre cité plus haut, et au commencement de chacun des suivants les mots Système de guerre, cahier 2, 3, etc. Il n'y a pas de pagination. Ce manuscrit renferme aussi les articles II, XII et XXIV de l'ouvrage retouché : Des projets de campagne; - Des talents qu'il faut à un général; - De l'attaque et de la défense des places, qui sont omis dans l'édition allemande. Il y a plus de deux pages raturées dans l'article XII.

La seconde rédaction originale est également en entier de la main du Roi; elle est conservée aux Archives de la maison royale (K. 148. G), et intitulée : Les Principes généraux de la guerre, appliqués à la tactique et à la discipline des troupes prussiennes. C'est le même ouvrage, revu et corrigé. Il se compose de trente et un articles et de dix plans coloriés; ces derniers sont d'une main étrangère, mais l'Auteur les a numérotés lui-même. Cet autographe, de trente-neuf pages in-4 serrées, est formé de cinq cahiers de papier à tranche dorée, dont chacun a un titre spécial. Le premier porte en tête : Les Principes généraux de la guerre, appliqués à la tactique, etc.; les quatre autres : Réflexions et maximes militaires. A la fin de l'ouvrage, dont le style est vif, précis et très-caractéristique, se trouve le mot Dixit, et plus bas : Federic, ce 2 d'avril 1748.

Le Prince de Prusse a été la seule personne, que nous sachions, à laquelle son frère ait communiqué le manuscrit de ses Principes généraux, qu'il lui a dédiés.V-a

Le royal auteur tint plus de quatre ans son écrit en réserve. Voici comment il s'exprime à cet égard à la page 50 d'un Testament politique (inédit), daté de Potsdam, 27 août 1762, et conservé aux Archives de la maison royale (104. A) : « J'ai trouvé à propos d'ajou<XIV>ter à ce Testament politique un traité de l'art militaire appliqué à la tactique et aux évolutions des troupes prussiennes. J'avais composé cet ouvrage il y a quatre ans, et ne l'ayant voulu donner à personne de crainte de l'indiscrétion, je le joins à celui que je viens d'achever aujourd'hui, afin que tout ce qui regarde le gouvernement de cet État, soit en paix, soit en guerre, se trouve réuni ensemble. » Cependant, lorsque des indices certains annoncèrent au Roi que la guerre (de sept ans) ne tarderait pas à éclater.VI-a il fit faire, à l'usage de ses généraux, une traduction allemande des Principes, qu'il livra à l'impression. Les Archives de l'État conservent (K. 148. E) le manuscrit de cette traduction, de cent cinquante pages in-folio. Il a été relié, comme l'original français, en fort papier marbré; mais on voit, par les traces que les compositeurs y ont laissées, qu'il avait été divisé à l'imprimerie. La traduction allemande, de la main d'un secrétaire, fut imprimée comme manuscrit sous le titre de : Die General-Principia vom Kriege, appliciret auf die Tactique und auf die Disciplin derer Preussischen Truppen (sans lieu d'impression), 1763, deux cent quatorze pages grand in-8, signées Friderich.

Les treize plans joints à cette édition ont été tirés sur les planches destinées à l'impression des Principes généraux, impression projetée, mais non exécutée; aussi les mots explicatifs sont-ils en français. L'ordre dans lequel les plans doivent se suivre est indiqué par les lettres A, B, C, et par les chiffres 1 à 10.

La traduction allemande des Principes généraux est, à peu d'exceptions près, fort exacte, soit pour la forme, soit pour le fond des choses. Elle a été considérablement retouchée, et cela, dans le cabinet même du Roi. C'était M. Eichel, conseiller intime de Cabinet, qui servait de secrétaire à Frédéric pour ce travail, et qui a écrit de sa main l'introduction. Plusieurs fautes graves de l'autographe français, en ce qui concerne les noms de localités, ont été corrigées dans la traduction; en outre, un certain nombre de phrases explicatives plus ou moins longues ont été ajoutées. Quant aux articles II, XII et XXIV, dont nous avons parlé à l'occasion du pre<XV>mier texte français, ils se trouvent, à la vérité, dans le manuscrit de la traduction allemande, mais ils n'ont pas été imprimés avec le reste.

Frédéric considérait son ouvrage comme un traité destiné à l'instruction de tous ses généraux, sans en excepter les plus anciens et les plus expérimentés. Il l'adressa au feld-maréchal comte de Schwerin, par un ordre de Cabinet du 30 janvier 1753, « pour qu'il se mît bien au fait du contenu de cet écrit. »VII-a

Tous les exemplaires des General-Principia vom Kriege qui ont été distribués renferment une préface écrite à la main et datée de Berlin, 23 janvier 1753. On y recommande de garder le plus profond secret sur ce livre. De plus, les divers exemplaires en furent remis et renvoyés dans des étuis de tôle ou de cuir bien fermés,VII-b Cet ouvrage demeura donc inconnu au public, jusqu'au moment où le général-major de Czettritz fut fait prisonnier par le baron de Beck, feld-maréchal-lieutenant autrichien, ce qui arriva le 20 février 1760, près de Cossdorf sur l'Elbe.VII-c Dans les bagages de M. de Czettritz était compris l'exemplaire des General-Principia vom Kriege qui lui avait été confié par le Roi, et qui tomba par conséquent dans les mains des ennemis. Bientôt après (1761), cet ouvrage fut réimprimé à l'étranger, mais inexactement, et il en parut la même année une traduction française, qui à son tour fut remise en allemand en 1762. On trouve sur les premières de ces publications des renseignements détaillés dans les Geständnisse eines Oestreichischen Veterans (par le colonel de Cogniazo), Breslau, 1790, t. III, p. 125. Le public ne connaît encore que la contrefaçonVII-d et ses différentes réimpres<XVI>sions, soit dans l'une, soit dans l'autre des deux langues.VII-e C'est la traduction française de la première contrefaçon qui a été reproduite dans les Œuvres de Frédéric II, roi de Prusse, publiées du vivant de l'auteur. A Berlin, 1789, t. III, p. 239-382. Les éditeurs de ce recueil le disent eux-mêmes,VIII-a Mais leur texte présente des lacunes (p. 296, 333, 361 et 367), des notes destinées à faire de la polémique contre Frédéric (p. 271, 282, 340, 366, 378 et 379), et l'on y remarque l'absence de la belle introduction qui est placée en tête de l'édition allemande originale de 1753, p. 1-4, et qui manque dans toutes les contrefaçons.

G. Scharnhorst a réimprimé la première de celles-ci dans son ouvrage, Unterricht des Königs von Preussen an die Generale seiner Armeen, etc., Hanovre, 1794, p. 1-268,VIII-b et son texte a été reproduit dans le livre intitulé : Unterricht Friedrichs II. für die Generale seiner Armee, nebst den von dem Könige späterhin gegebenen Instructionen, neu herausgegeben und mit Anmerkungen in Bezug auf die neuesten Veränderungen der Kriegführung versehen von einigen deutschen Ofcieren,VIII-c Leipzig, librairie Baumgärtner, 1819, t. I, p. 1-291, et t. II, p. 1-180.

<XVII>Frédéric, ne tenant aucun compte des diverses contrefaçons de ses Principes généraux de la guerre, continua, même après la guerre de sept ans, à remettre à ses généraux l'édition de 1753, en leur imposant la loi du secret le plus rigoureux. C'est ainsi que, le 20 décembre 1770, il envoya cet ouvrage au général-major de Krusemarck, inspecteur général de la cavalerie du Brandebourg et du pays de Magdebourg, pour tous les généraux de son inspection.IX-a Mais il garda par devers lui le manuscrit original français de 1748; et comme cet autographe fut oublié après la mort du Roi, ce n'est qu'à présent, c'est-à-dire cent huit ans après leur composition, que les Principes généraux parviennent à la connaissance du public sous leur forme primitive.

Nous imprimons le texte autographe de 1748, avec des variantes contenant les additions et les corrections de la traduction allemande de 1753.

Le royal auteur avait décidé de joindre treize plans aux Principes généraux. Les planches originales, gravées sur cuivre, sont conservées à l'état-major général de l'année. Ces planches, à la vérité, ne sont guère en harmonie avec l'impression de notre édition monumentale des Œuvres de Frédéric, et il semble que, artistiquement parlant, il aurait mieux valu en faire dessiner et graver de nouvelles. D'un autre côté, si l'on se place au point de vue plus élevé qui nous dirige dans noire travail, c'est-à-dire, au point de vue historique, il semble préférable de conserver les plans originaux, sur lesquels sans doute les regards du grand monarque se sont arrêtés plus d'une fois; et c'est dans ce sens que Sa Majesté le Roi a daigné résoudre cette question, en ordonnant que les planches originales seraient toutes employées, sans aucun changement, pour en enrichir l'édition que son auguste volonté fait exécuter. Les treize plans forment la première section de l'atlas qui accompagne les Œuvres militaires.

<XVIII>II. AVANT-PROPOS DE L'EXTRAIT TIRÉ DES COMMENTAIRES DU CHEVALIER FOLARD SUR L'HISTOIRE DE POLYBE.

Jean-Charles de Folard, né à Avignon en 1669, y mourut en 1752. Au commencement de l'année 1748, Frédéric, désirant faire quelques expériences sur le système de cet écrivain militaire, l'invita à se rendre à Berlin pour y assister; mais l'âge de M. de Folard ne lui permit pas d'entreprendre ce voyage,X-a

L'ouvrage de l'auteur français est intitulé : Histoire de Polybe traduite du grec, avec un commentaire par M. de Folard, six volumes in-4, Amsterdam, 1729. Le titre complet de l'Extrait est : Extrait tiré des Commentaires du chevalier Folard sur l'Histoire de Polybe, pour l'usage d'un officier; avec les plans et les figures nécessaires pour l'intelligence de cet abrégé (sans lieu d'impression), MDCCLIII, cent soixante-douze pages in-4.

Frédéric parle de la valeur et du but de son travail dans sa lettre au prince Guillaume son frère, du 12 février 1753 (t. XXVI, p. 126).

Le 6 février 1753, M. de Balbi,X-b lieutenant-colonel du génie, écrivit à M. de Francheville pour lui remettre le manuscrit de l'Extrait et de l'Avant-propos, en le priant, de la part du Roi, de le faire imprimer, mais à cent dix exemplaires seulement.

Les autographes de l'Avant-propos de Frédéric et de la lettre de M. de Balbi à M. de FranchevilleX-c appartiennent à M. le major Louis Blesson.

<XIX>Nous ne reproduisons que l'Avant-propos, dont nous avons trouvé le texte imprimé tout à fait conforme à l'autographe.

III. PENSÉES ET RÈGLES GÉNÉRALES POUR LA GUERRE.

L'autographe de cet ouvrage inédit se compose de vingt-neuf pages in-4. Nous en tenons la copie de feu madame la comtesse d'Itzenplitz-Friedland. Les plans, au nombre de neuf, ont été dessinés à la plume dans le texte par l'auguste auteur lui-même, qui communiqua son manuscrit au général de Winterfeldt, en ajoutant à l'envoi les mois suivants : Durchzulesen und mir wieder zu schicken. Winterfeldt renvoya les Pensées au Roi, à Potsdam, le 11 novembre 1755, après les avoir gardées vingt-quatre heures. Il lui adressa en même temps les plus vifs remercîments, et s'exprima sur cet intéressant travail dans les termes les plus flatteurs.XI-a

Il est facile de remarquer, en lisant les Pensées, qu'elles ont été écrites, comme la plupart des ouvrages militaires qui suivent, pour compléter les Principes généraux. On y retrouve les mêmes idées, exprimées souvent dans les mêmes termes. Nous avons cru inutile d'indiquer ces répétitions au lecteur, qui reconnaîtra facilement les passages qu'il aura déjà vus.

Les fac-similé des neuf plans insérés dans le manuscrit du Roi sont réunis à la fin du volume sous les numéros I à IX.

IV. <XX>INSTRUCTION POUR LE PRINCE HENRI, CHARGÉ DU COMMANDEMENT DE L'ARMÉE EN SAXE.

Cette Instruction, de six pages grand in-4, écrite en entier de la main du Roi, à Breslau, le 11 mars 1758,XII-a se trouve aux Archives de l'État, parmi la correspondance de Frédéric avec le prince Henri (F. 105. Cc). Nous avons eu la satisfaction de la citer, en 1838, dans notre ouvrage, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, Ergänzungsheft, p. 76, no 10. Une année plus tard, il en a paru une traduction allemande dans le Militair-Wochenblatt, Berlin, 1839, no 5, p. 18-20. Enfin, l'original a été reproduit dans l'ouvrage de M. K.-W. de Schöning, Der Siebenjährige Krieg, t. I, p. 148-153. Notre texte est exactement imprimé sur le manuscrit de Frédéric.

V. DISPOSITION PRÉALABLE POUR LE MARÉCHAL KEITH, EN CAS QUE LES ENNEMIS VIENNENT ATTAQUER LE CAMP DU ROI, ET VI. DISPOSITION POUR LES COLONELS DE L'ARTILLERIE DIESKAU ET MOLLER.

L'autographe de la première de ces pièces et l'original de la seconde, signés du Roi, sont conservés aux Archives de l'État, parmi la correspondance officielle de Frédéric avec le feld-maréchal Keith (F. 87. N). La Disposition pour celui-ci, sans date, a probablement été écrite le même jour que la Disposition pour l'artillerie, qui fut envoyée au maréchal, le 30 juin 1758, du camp de Prossnitz, pour être communiquée aux deux colonels,XIII-a

<XXI>Pour connaître la situation dans laquelle Frédéric se trouvait, et qui lui fit juger nécessaire d'expédier ces pièces, il faut lire. t. IV, p. 218 223, la relation qu'il donne de son expédition en Moravie.

M. K.-W. de Schöning a imprimé ces deux Dispositions dans ses Historisch-biographische Nachrichten zur Geschichte der Brandenburgisch-Preussischen Artillerie, Berlin, 1844, t. II, p. 388 et 389, 113 et 114 mais son texte offre quelques inexactitudes. Nous avons tâché de reproduire les originaux le plus fidèlement possible.

Il a paru une traduction allemande de l'Instruction pour l'artillerie dans le journal de MM. de Decker, de Ciriacy et L. Blesson, Zeitschrift für Kunst, Wissenschaft und Geschichte des Krieges, Berlin, 1828, in-8, t. XII, cahier I, p. 79-81. Cette traduction a été réimprimée dans l'ouvrage de MM. Louis de Malinowsky et Robert de Bonin, Geschichte der brandenburgisch-preussischen Artillerie, Berlin, 1842, t. III, p. 52 et 53.

VII. REFLEXIONS SLR LA TACTIQUE ET SUR QUELQUES PARTIES DE LA GUERRE, OU REFLEXIONS SUR QUELQUES CHANGEMENTS DANS LA FAÇON DE FAIRE LA GUERRE.

Frédéric envoya cet écrit, du 27 décembre 1758, au duc Ferdinand de Brunswic, en mettant de sa main sous le premier titre ces mots, sans date : « Je vous envoie, mon cher, mes occupations du quartier d'hiver. Je vous prie que cela ne passe pas au delà de mon neveu. »XIV-a Le second titre se trouve à la troisième page, en tête de la pièce même. Les deux titres et le texte sont de la main d'un secrétaire. Le Roi, en relisant la copie, a rayé (p. 170, l. 20 de notre édition) le mot montré, et mis au-dessus : indiqué. On lit au haut de la première page les mots : Prés. ce 25 janvier 1759, de la main du duc Ferdinand.

<XXII>Le manuscrit original, que nous reproduisons, est conservé aux archives de l'état-major de l'armée, dans la correspondance du Roi avec le duc de Brunswic, année 1769, volume 336, p. 61-82.

Les Réflexions furent publiées pour la première fois dans l'ouvrage, Tactique et manœuvres des Prussiens. Pièce posthume, par M. le D. de G. (le duc de Gisors), avec quelques lettres et réponses du roi de Prusse à M. le baron de La Motte Fouqué, son lieutenant-général (sans nom de libraire, ni lieu d'impression), 1767, quatre-vingt-six pages. Ce livre contient, p. 45, la Lettre du roi de Prusse au lieutenant-général Fouqué en lui envoyant ses Réflexions sur la Tactique et sur quelques parties de la guerre, Breslau, le 23 décembre 1758; p. 46-74, l'écrit même qui nous occupe, daté de Breslau, 21 décembre 1758, et intitulé : Réflexions sur quelques changements dans la façon de faire la guerre. A la page 75 est insérée la lettre de M. de Fouqué au Roi au sujet des Réflexions, Léobschütz, le 2 janvier 1759. Enfin, l'on trouve, p. 84-86, la réponse du Roi, du 9 janvier 1759. Ces quatre pièces ont été souvent réimprimées; dans les Mémoires du baron de La Motte Fouqué, publiés par M. G.-A. Büttner, t. I, p. 45-71, la pièce principale porte le titre de : Réflexions sur quelques changements à introduire dans la façon de faire la guerre. Mais les éditions antérieures à la nôtre sont incomplètes et inexactes.

On peut consulter, relativement aux Réflexions, dans notre t. XX, p. 129 à 134, nos 9, 11 et 12, la correspondance de Frédéric avec le général Fouqué.

VIII. INSTRUCTION POUR LES GÉNÉRAUX-MAJORS DE CAVALERIE.

Cette Instruction, du 16 mars 1759, fut remise au prince Henri le 17. Elle a été publiée, d'après l'exemplaire manuscrit que le Roi en avait envoyé au général Fouqué, avec sa lettre, datée de Rohnstock, 24 mars 1759, dans les Lettres secrètes touchant la dernière guerre, de main de maître, divisées en deux parties. A Francfort, <XXIII>aux dépens de la Compagnie des libraires, 1771, p. 216-223. Le même ouvrage a été réimprimé plusieurs fois, entre autres dans le Recueil de lettres de S. M. le roi de Prusse pour servir à l'histoire de la guerre dernière. A Leipzig, 1772, seconde partie, p. 50-57.

On ne trouve dans les Mémoires du général de La Motte Fouqué ni la lettre de Frédéric, du 24 mars 1759, ni l'Instruction, du 16. Nous imprimons ces deux pièces d'après la première édition, de 1771, dans la persuasion que c'est une traduction faite sur l'original allemand pris par les Autrichiens dans la guerre de sept ans. En effet, l'Instruction pour les généraux-majors de la cavalerie forme le pendant de l'Instruction für die General-Majors von der Infanterie, du 12 février 1759, qui sera imprimée t. XXX.

Nous ajoutons à ce volume, comme Appendice, la lettre de Frédéric à son frère le prince Henri, du 17 mars 1759; quant à l'Instruction même, en allemand, qu'il lui avait remise, nous n'avons pu la découvrir aux Archives.

Berlin, 25 mars 1856.

J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.


I-a Voyez t. XXVI, p. 119, et ci-dessous, p. 4, 22, 31, 38 et 51.

II-a Voyez ci-dessous, p. 4.

II-b L. c., p. 150.

IX-a Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, p. 348 et 349.

V-a Voyez t. XXVI, p. 117-119; et ci-dessous, p. 3 et 106.

VI-a Voyez t. IV, p. 18 et suivantes; t. XXVII. III, p. 304 et suivantes.

VII-a Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, p. 230.

VII-b Voyez J.-D.-E. Preuss, Urkundenbuch zu der Lebensgeschichte Friedrichs des Grossen, t. I, p. 238, 239 et 242, nos 608, 609 et 615.

VII-c Voyez t. V, p. 48. Nous y disions dans une note, d'après les Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1760, nos 26, que le général de Czettritz avait été fait prisonnier le 21 février. Mais c'était une erreur, car il dit lui-même, dans son rapport au Roi, daté de Grossenhayn, 20 février, que cet événement eut lieu le matin de ce dernier jour, entre six et sept heures.

VII-d Des Königs von Preussen Majestät Unterricht von der Kriegskunst an seine Generals. Francfort et Leipzig, 1761, cent cinquante-deux pages petit in-8, avec treize planches gravées en taille-douce.

VII-e Instruction militaire du roi de Prusse pour ses généraux. Traduite de l'allemand par M. Faesch, lieutenant-colonel dans les troupes saxonnes. Avec XIII planches gravées en taille-douce. Francfort et Leipzig, 1761, cent soixante pages petit in-8.

VIII-a L. c., p. 239, note : « Cette Instruction militaire a été dictée en allemand par le Roi, et traduite en français par M. Faesch, lieutenant-colonel dans les troupes saxonnes. C'est cette traduction que, l'on donne ici. »

VIII-b Gerhard-Jean-David de Scharnhorst, alors capitaine d'artillerie et professeur à l'école militaire de Hanovre, dit au commencement de sa préface, p. III : « Cette édition des Principes de la guerre est la réimpression de celle qui a été publiée en 1761 ...... On n'y a fait de changements que la où le sens était altéré par des fautes de transcription ou d'impression. »
      M. de Scharnhorst était né, à ce que l'on croit, le 10 ou le 12 novembre 1756, dans les États de Hanovre, à Hämelsee, à Hämelhausen ou à Bordenau, selon d'autres à Beverungen, petite ville du duché de Brunswic. Mais les pasteurs de ces diverses localités n'ont pas pu retrouver son nom dans les registres de leurs églises. Ce qui est certain, c'est que Scharnhorst a rendu de grands services à notre pays. Il est mort à Prague, le 28 juin 1813, d'une blessure qu'il avait reçue à la bataille de Gross-Görschen, et ses restes ont été déposés, en 1826, dans le cimetière des Invalides, à Berlin.

VIII-c M. Charles-Henri de Schütz, alors colonel et chef d'état-major du quatrième corps de l'armée prussienne, mort à Marseille, en 1833, avec le grade de général-major; et M. Schulz, capitaine et adjudant en 1819, maintenant colonel en retraite.

X-a Voyez Varnhagen d'Ense, Leben des Feldmarschalls Keith, p. 101 et 102, et la Biographie universelle, Paris, 1816, t. XV, p. 144. Voyez aussi t. I, p. 184, et t. XIII, p. 114 de notre édition.

X-b Voyez t. IV, p. 164 et 191; t. XXII, p. 331; t. XXIV, p. 11. Jean de Balbi, natif de Clèves, devint lieutenant au corps du génie le 3 mai 1727, capitaine le 26 décembre 1732, lieutenant-colonel le 28 février 1748, et colonel le 22 décembre 1757.

X-c Voyez t. XIV, p. 196, et t. XIX, p. 48.

XI-a Voyez l'Appendice, à la fin de ce volume.

XII-a Voyez t. XXVI, p. 196, no 32.

XIII-a Voyez, quant à M. de Moller, t. IV, p. 104, et t. XXV, p. 629; quant à M. de Dieskau, t. XXVI, p. 642.

XIV-a Le prince héréditaire de Brunswic.