<6>rière, et en les couvrant de prétextes qui leur fassent plaisir; 13o en étant toujours attentif à ce que les troupes ne manquent de rien, soit pain, viande, paille, eau-de-vie, etc.; 14o en examinant les raisons de la désertion, lorsqu'elle se met ou dans un régiment, ou dans une compagnie, pour savoir si le soldat a reçu régulièrement son prêt et toutes les douceurs qui lui sont assignées, ou si son capitaine est coupable de malversation.

L'entretien de la discipline n'exige pas moins de soins. On dira peut-être : Les colonels y tiendront la main; mais cela ne suffit pas. Il faut que tout soit monté au plus parfait dans une armée, et que l'on voie que ce qui se fait est l'ouvrage d'un seul homme. La plus grande partie d'une armée est composée de gens indolents; si le général n'est sans cesse à leurs trousses, toute cette machine si ingénieuse et si parfaite se détraquera bien vite, et le général n'aura plus qu'en idée une armée bien disciplinée. Il faut donc s'accoutumer à travailler sans cesse, et ceux qui le feront verront par leur expérience que cela était nécessaire, et qu'il se trouve tous les jours des abus à réprimer que ceux-là seuls ne voient pas, qui ne se donnent pas la peine d'y regarder.

Quoique cette application pénible et continuelle paraisse dure, pourvu qu'un général l'ait, il ne s'en voit que trop récompensé; et quels avantages des troupes si lestes, si braves et si bien disciplinées ne lui donnent-elles pas sur ses ennemis! Un général audacieux chez les autres peuples n'est que dans les règles chez nous; il peut oser et entreprendre tout ce qu'il est possible à des hommes d'exécuter.

Que n'entreprendrait-on pas avec des troupes si bien disciplinées! L'ordre est devenu habituel à toute l'armée; l'exactitude de l'officier et du soldat est poussée au point que tout est prêt une demi-heure avant l'heure marquée, que, depuis l'officier jusqu'au dernier fantassin, personne ne raisonne, mais tout le monde exécute, que la volonté du général est promptement obéie, et que, pourvu qu'il sache bien commander, il peut être sûr de l'exécution. Nos troupes sont si lestes et si agiles, qu'elles se forment en bataille en moins de rien; on ne peut presque jamais être surpris, à cause de la rapidité de leurs mouvements.