<29>enfin de manière que leur front soit inabordable. Le camp de Strehlen était de ce genre. Quand les ruisseaux sont petits, on y fait des digues, et l'on vient à son but par le moyen des inondations.

Le général, bien loin d'être oisif dans un camp de cette espèce, n'ayant pas de grands soucis du côté de l'ennemi, peut tourner son attention du côté de son armée, et ce repos est propre à remettre la discipline en vigueur, à examiner si le service se fait à la rigueur, selon que je l'ai prescrit dans mes Institutions militaires, si les officiers sont vigilants aux gardes, à observer s'ils savent tout ce qu'ils doivent faire à leur poste, à examiner si toutes les gardes, soit de cavalerie, ou d'infanterie, sont placées selon les règles que j'en ai prescrites. Il faut faire exercer l'infanterie trois fois par semaine, les recrues tous les jours, et quelquefois on fait manœuvrer des corps entiers ensemble. La cavalerie exercera de même, si elle ne fourrage pas, et le général tiendra la main à ce que les jeunes chevaux et les nouveaux cavaliers soient bien dressés; il examinera le complet de chaque corps; il verra les chevaux, et donnera des louanges aux officiers qui en ont soin, et des réprimandes sévères à ceux qui les négligent; car il ne faut pas croire qu'une grande armée s'anime d'elle-même; il y a des négligents, des paresseux partout en grand nombre, et c'est au général à les pousser sans cesse et à les tenir à leur devoir. Ainsi ces camps de repos, lorsqu'on les emploie comme je viens de l'indiquer, deviennent d'une utilité infinie, et l'ordre qu'on y renouvelle avec l'égalité des corps se conserve pendant toute la campagne.

3. CAMPS DE FOURRAGE.

Les camps de fourrage se prennent quelquefois proche, quelquefois loin de l'ennemi. Je ne compte parler que des premiers. On les choisit dans les contrées les plus abondantes, et l'on prend un terrain fort par sa nature pour y camper, ou on le rend fort en remuant la terre. Il faut que les camps de fourrage soient forts lorsqu'ils se trouvent dans le voisinage de l'ennemi, car il faut regarder un fourrage comme un détachement. Souvent la