<15>aussi pour Neisse, si le cas l'exige; mais surtout je mets à Glatz une garnison de sept bataillons et de trois régiments de hussards, pour que ce corps puisse entrer en Bohême, enlever les convois de l'ennemi et, s'il se peut, se saisir du magasin de Königingrätz et le ruiner, ce qui ferait perdre toute cette campagne aux Autrichiens, et nous en délivrerait à bon marché. Je ferais camper mon armée du côté de Schönberg et Liebau, ce qui masque le chemin de Schatzlar; alors il ne reste aux ennemis d'entrée en Silésie que par Braunau. Je ferais même retrancher mon camp, pour arborer tous les dehors de la timidité. Si l'ennemi entre en Silésie par Braunau, je le laisserai faire, et j'irai, avant qu'il s'en aperçoive, me camper à son dos; mais, pour faire ces mouvements, il faut avoir du pain et de la farine dans l'armée pour quinze jours. Par cette manœuvre, j'oblige l'ennemi à me combattre, et comme je me vas camper à son dos, il dépend de moi de prendre un champ de bataille où je trouve mes plus grands avantages; je ne risque rien par cette manœuvre, dès que Schweidnitz sera achevé d'être fortifié, et l'ennemi battu dans une pareille rencontre n'a plus de retraite. Mais, supposé que les Autrichiens aillent de leur côté en tâtonnant, il faut alors tomber sur le corps d'un de leurs détachements ou de leur avant-garde, et se servir de la ruse pour les enhardir et pour profiter alors de leur témérité.

La défense du Brandebourg est beaucoup plus difficile, à cause que le pays est ouvert, et que les bois qui confinent avec la Saxe rendent les marches et les camps mauvais; cependant je crois qu'il faudrait s'y prendre ainsi.

Berlin, qui est une ville ouverte et la capitale du pays, doit attirer ma principale attention. Cette ville n'est qu'à douze milles de Wittenberg. Je suppose que l'armée des ennemis s'assemble auprès de cette dernière place. Les ennemis peuvent former trois desseins : l'un, de longer l'Elbe, qui leur deviendrait très-difficile à cause de Magdebourg, qui n'est pas une ville qu'on puisse laisser sur ses derrières; l'autre, par l'Oder et le Nouveau-Canal,a qui leur laisserait tout leur pays à découvert, et où on les re-


a Voyez t. I, p. 76; t. V, p. 18; et t. XXVII. III, p. 41.