11. AU MÊME.

Landeshut, 21 avril 1739.

J'ai reçu, mon cher Ferdinand, votre lettre de Windecken. Je suis très-mortifié que vous n'ayez pas réussi autant que moi et tous les honnêtes gens l'avons souhaité. Mais que cela ne vous rebute pas; vous avez fait, selon ce que j'ai pu comprendre par le chasseur, des dispositions très-bonnes et excellentes; vous avez mené vos troupes en bon et brave général; le reste n'est pas votre faute, et il ne faut pas que cela vous décontenance en rien. Pour vous parler franchement, mon cher, la seule chose que je trouve à redire à votre armée, et à laquelle je vous conseille de penser sérieusement, c'est le gros canon; dans cette maudite guerre, il est impossible de réussir sans en avoir un grand train, ainsi que d'obusiers. Vous saurez les projets de mon frère; ainsi je ne vous en parle pas. Je ne sais pas non plus ce que vous méditez à présent : mais, s'il vous est impossible de prendre le magasin de Fridberg, je crois qu'avec un petit détachement vous pourriez faciliter à mon frère le moyen de chasser les cercles et les Autrichiens de Bamberg. Cela sera bon pour la Hesse et pour moi. Je crois que mon frère vous en écrira de même, car cette bataille2_73-a n'est qu'une affaire de bibus,2_73-b un village attaqué que l'on <68>n'a pas pu forcer. Il faut traiter la chose en bagatelle; alors elle le devient effectivement. Adieu, mon cher; je vous embrasse; il faut tenter fortune une autre fois sous de plus heureux auspices et avec du gros canon. Je suis avec bien de l'estime, mon cher Ferdinand, etc.


2_73-a Il s'agit de l'action qui eut lieu près du village de Bergen. Voyez t. V, p. 2 et 3.

2_73-b Le duc Ferdinand a mis de sa main au bas de cette lettre : « Je ne connais ce terme sous-rayé. » - Le mot bibus signifie bagatelle.