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III. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LE MARGRAVE CHARLES. (17 OCTOBRE 1731 - FÉVRIER 1753.)[Titelblatt]

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1. AU MARGRAVE CHARLES.

Carzig, 17 octobre 1739 (1731).



Monsieur mon très-cher cousin,

J'ai appris avec bien du chagrin que votre fièvre continuait toujours; mais permettez, cher prince, de vous dire qu'il y a aussi un peu de votre faute à ce que vous ne vous portez pas mieux. Vous négligez trop ce qui peut contribuer à votre guérison, et de la nature dont vous dites que votre fièvre est, l'on ne peut y prendre assez de précautions. Quoi! voudriez-vous donc que votre belle vie fût tranchée dans un âge et dans un temps qui nous promet tant pour le futur? Faudra-t-il perdre l'espérance de voir en vous un prince qui est parfaitement égal à feu son grand-père de glorieuse mémoire, et qui le surpasse par beaucoup d'endroits? Voudriez-vous me priver d'un ami sur l'amitié duquel et sur le mérite duquel je fais tant de cas? Voudriez-vous me causer le mortel chagrin de me faire pleurer à jamais votre perte, la perte de la personne du monde que j'estime le plus? Mais je vous fais tort; je sais, mon cher prince, que vous avez trop d'amitié pour moi pour ne vous pas ménager plus que vous ne faites. Vous êtes trop chrétien et trop raisonnable pour vouloir omettre aucun des moyens requis pour votre convalescence; et afin que je n'aie aussi rien à reprocher à mon amitié, permettez-moi de vous dire que je crois absolument nécessaire, dans l'état où vous êtes, que vous vous serviez d'un médecin, et même des plus habiles; un chirurgien, tout habile qu'il est, ne peut jamais si bien guérir des maladies que des médecins, et quand une fois ces fièvres dégénèrent en fièvres malignes, ces maux enracinés sont très-difficiles et toujours très-périlleux à guérir. Je suis persuadé que vous n'interpréterez pas ce conseil à mal, et que vous aurez assez <16>d'amitié pour moi pour le suivre. Je ferai, de mon côté, les vœux les plus ardents pour votre parfaite guérison, que personne ne souhaite plus passionnément que celui qui a l'honneur de se dire,



Monsieur mon très-cher cousin,

Votre très-parfait et fidèle ami,
cousin et serviteur,
Frideric.

2. AU MÊME.

Massin,2_16-a 19 octobre 1731.



Monsieur mon très-cher cousin,

J'ai reçu avec beaucoup de plaisir la lettre que vous eûtes la bonté de m'écrire hier. J'espère que l'état de votre précieuse santé ira de mieux en mieux, et que nous en serons quittes, pour le coup, pour les cruelles alarmes que votre maladie nous a causées. J'ai été hier à la chasse du cerf,2_16-b et j'en ai tiré quelques-uns avec l'arquebuse, dont je prends la liberté de vous en envoyer un. Vous verrez par là, mon cher prince, combien je pense à vous, quoique c'est bien plus que je le puis marquer ou dire. J'espère que Bardeleben me rendra ce témoignage; il peut le rendre en bonne vérité, car je ne le vois jamais que je ne l'entretienne de mon cher prince. Je l'aime, parce qu'il vous appartient, et par l'attachement sincère qu'il a pour vous. C'est l'unique voie par où l'on peut se recommander chez moi, n'ayant personne que j'aime si tendrement que celui dont je serai jusqu'au tombeau, etc.

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3. AU MÊME.

Cüstrin, 19 décembre 1739 (1731).



Monsieur mon très-cher frère,

J'ai reçu avec bien du plaisir votre honorée du 18; mais, à vous parler franchement, j'y trouve un peu trop de compliments. Vous m'aviez promis, cher frère, de couper court là-dessus; et permettez que, malgré cela, je vous dise que vous ne tenez pas tout à fait parole, ce qui me fait craindre que, quand j'aurai le plaisir de vous voir à Soldin, nous ne nous consumions en compliments. Je vous prie, si vous m'aimez, n'en faites point; cela est si guindé parmi des parents, et principalement insupportable quand on les hait comme moi. J'espère que vous m'épargnerez ce chagrin, et que, au lieu de trouver un maître des cérémonies à Soldin, j'y trouverai un cher frère qui sera parfaitement persuadé que je serai jusqu'au tombeau

Votre parfait ami, frère et serviteur.
Vale.
Frideric.

4. AU MÊME.

Ruppin, 17 décembre 1733.



Monsieur mon cousin,

Je vous ai bien de l'obligation de l'attention que vous témoignez avoir pour moi, par rapport au capitaine de Keyserlingk; et je vous prie, monsieur, de vouloir bien faire tout ce qui dépendra de vous afin qu'il obtienne la croix,2_18-a ce qui me fera infiniment <18>de plaisir, et je ne laisserai pas de vous marquer en toute occasion mon amitié et la passion très-sincère avec laquelle je suis,



Monsieur mon cousin,

Votre parfaitement affectionné
ami et cousin,
Frederic.

5. AU MÊME.

Ruppin, 14 avril 1735 (1734).



Monsieur mon cousin,

Comme je vois par votre lettre du 11 de ce mois que vous n'avez pas besoin d'un More, je crois que chacun de nous fera bien en gardant ce qu'il a. Au reste, vous me ferez la justice, monsieur mon cousin, d'être entièrement persuadé qu'il n'y a rien qui me donne plus de plaisir que de pouvoir vous rendre quelque service pour vous convaincre de l'amitié et de l'estime avec laquelle je suis, etc. J'ai demandé au Roi pour aller en campagne;2_19-a ne voulez-vous pas demander aussi?2_19-b

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6. AU MÊME.

Ruppin, 11 novembre 1735.



Monsieur mon cousin,

Il y a encore à Berlin un domestique du feu margrave Louis,2_19-c nommé Jänichen; et comme il a été jusqu'ici sans emploi et dans l'incertitude quel parti prendre, je ne saurais m'empêcher de vous prier, monsieur mon cousin, de vouloir bien le prendre en service jusqu'à ce qu'il s'offre une occasion favorable pour le bien placer. Je suis entièrement persuadé, monsieur mon cousin, que vous ne me le refuserez pas, en qualité d'héritier du feu margrave; et si vous me trouvez capable de vous rendre quelque service en échange de celui que je viens de vous demander, ce sera à vous, monsieur mon cousin, de disposer librement de mes forces, puisque je montrerai partout l'amitié et l'estime avec laquelle je suis, etc.

7. AU MÊME.

Rheinsberg, 3 décembre 1737.



Monsieur mon cousin,

Je vous suis infiniment obligé des poissons marinés que vous m'avez fait le plaisir de m'envoyer, et je vous prie, mon cher prince, d'être entièrement persuadé que je serai toujours charmé de trouver quelque occasion pour vous faire plaisir, étant avec bien de l'amitié et de l'estime, etc.

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8. AU MÊME.

Ruppin, 4 septembre 1738.



Monsieur mon cousin,

Il y a, à ce qu'on m'a dit, dans la compagnie de Spiess de votre régiment un soldat, nommé Lamcke, qui est très-savant en médecine. Je vous prie, mon cher prince, de vouloir bien permettre qu'il vienne ici pour quelque temps, en cas qu'il n'y ait rien à craindre pour la désertion. Je profite de cette occasion pour vous assurer de l'amitié et de l'estime avec laquelle je suis très-parfaitement, etc.

9. AU MÊME.

Rheinsberg, 15 septembre 1749.



Mon cher cousin,

Je vous suis fort obligé du soin que vous avez bien voulu vous donner touchant l'inscription de mes deux pages de Möllendorff. J'aurai soin de faire dessiner leurs quartiers de la manière que vous l'exigez, et de la façon que l'usage le requiert. Pourrais-je vous prier en même temps de prendre sous votre protection les intérêts du pauvre président de Münchow, à qui j'apprends qu'on intente de nouveau des chicanes? Je vous en aurais une obligation particulière, car cet honnête homme est mon bienfaiteur.

Je vous prie de croire d'ailleurs que je suis avec une parfaite estime, etc.

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10. AU MÊME.

Ruppin, 10 mai 1740.



Mon cher prince,

C'est pour vous faire ressouvenir de la parole que vous m'avez donnée de faire un petit tour ici que je vous écris. Comme les choses sont toujours mal à Potsdam, je pense que vous ne risquez pas la moindre chose. Je me flatte donc d'avoir le plaisir de vous voir ici jeudi ou vendredi; nous irons alors ensemble à Remusberg, et, si vous le jugez à propos, nous resterons ensemble jusqu'au dimanche. Je me fais un véritable plaisir de vous embrasser et de vous assurer de vive voix de la parfaite estime avec laquelle je suis, etc.

Si vous voulez amener avec vous quelque officier, vous me ferez plaisir.

11. AU MÊME.

Camenz. 23 mai 1745.



Mon cher prince Charles,

Je suis dans la joie de mon cœur à l'égard de la relation que vous venez de me faire.2_22-a Baisez Schwerin2_22-b mille fois de ma part, et dites-lui que je n'oublierai, tant que je vivrai, ni sa bravoure, ni sa conduite, que j'aurai soin de tous les officiers de ce régiment, et que je veux les distinguer dans toute l'armée. Dites qu'ils doivent me dire en quoi je puis leur témoigner mon estime et ma reconnaissance, et faites à tous ceux qui se sont distingués les compliments de ma part les plus obligeants que vous puissiez imaginer. Donnez mille louanges aux simples soldats; enfin dites-<22>leur que je suis content au delà de l'expression. En un mot, je suis dans la joie la plus grande de mon cœur que tout cela se soit passé sous vos ordres; je ne doute point des troupes, car il ne s'agit que de les mener vigoureusement.

Vous resterez aux environs de Neustadt jusqu'à nouvel ordre. Ayez soin des troupes, et faites-leur à tous mes compliments, mais surtout à Schwerin.

Adieu, mon cher frère; je souhaite de tout mon cœur de vous revoir en bonne santé, et suis. etc.

Schweinichen2_23-a vous contera comment Winterfeldt a battu Nadasdy le même jour que vous avez eu votre affaire.

12. AU MÊME.

Potsdam, 28 octobre 1746.



Mon cousin,

J'ai été un peu surpris du choix que vous voulez faire pour remplacer le poste de votre maréchal de la cour. L'intérêt que je prends à ce qui vous regarde me porte à vous faire souvenir que ce poste me semble demander une personne de naissance, capable de le remplir avec dignité, ce qui ne cadre nullement à de Thile. Ainsi je vous prie d'y réfléchir mûrement et de vous déterminer plutôt pour quelqu'un d'une famille ancienne, qui ait les qualités requises pour faire l'ornement de votre cour. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait, mon cousin, en sa sainte et digne garde.

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13. AU MÊME.

Potsdam, 29 septembre 1747.



Mon cousin,

Votre lettre m'a été rendue, par laquelle vous me demandez la permission que votre fille la comtesse de Schönbourg2_24-a puisse faire la cour aux Reines lorsqu'elles la tiennent plénière. Mais en y réfléchissant bien, vous comprendrez vous-même que cela ne se peut pas. En toute autre occasion, je serai bien aise de vous faire tout le plaisir possible. Sur quoi, etc.

14. AU MÊME.

Potsdam, 3 octobre 1747.



Mon cousin,

J'ai vu par votre lettre du 1er de ce mois combien vous prenez à cœur que je ne saurais consentir que votre fille la comtesse de Schönbourg puisse paraître lorsque les Reines tiennent cour plénière. Mais vous vous souviendrez bien que, lorsque j'ai accordé de certaines distinctions à vos enfants naturels, ce fut dans l'intention que vous vous mariassiez. Or, comme vous ne l'avez pas fait ensuite, je ne me crois pas aussi tenu à rien de ce que j'ai promis à cet égard, et ainsi je ne saurais plus me mêler en aucune façon de ce qui regarde votre-dite fille. Comme au reste je crois certainement que le grand dérangement de vos affaires pourrait aisément changer, si vous preniez encore le parti de vous marier, je ne puis que vous le conseiller encore, et vous pouvez être très-persuadé que j'ai et aurai toujours pour vous <24>une estime et amitié très-particulière. Mais il y a des choses que ni moi ni personne ne peut approuver, et desquelles je souhaiterais bien vous voir revenu. Sur ce, etc.

15. AU MÊME.

Potsdam, 27 janvier 1732.



Mon cousin,

J'ai bien reçu votre lettre du 25 de ce mois. Vous devez assez connaître ma manière de penser sur tout ce qui peut vous intéresser, pour être persuadé de l'estime et de la considération que j'ai toujours pour vous. Il m'est donc bien sensible d'apprendre que la nomination faite en dernier lieu des généraux Gessler et Lehwaldt au grade de feld-maréchaux2_25-a vous ait pu causer de la peine et vous inspirer des doutes sur la confiance que je mets en votre personne. Bien loin de vous avoir voulu causer le moindre préjudice, je n'ai fait que suivre en ceci ce qui a été pratiqué en tout temps à ce sujet dans la maison royale de Prusse, où les margraves n'ont jamais aspiré au grade de feld-maréchal, mais se sont bornés à celui de généraux : et vous vous souviendrez sans doute de ce qui s'est pratiqué à l'égard du feu margrave votre père, qui, se contentant de son rang, n'a jamais prétendu à celui de feld-maréchal, où il a vu passer tranquillement et sans s'émouvoir d'autres honnêtes gens. Je me flatte donc que vous voudrez bien vous prêter à ce que la coutume a introduit,2_26-a et me rendre <25>la justice d'être persuadé des sentiments d'estime avec lesquels je serai invariablement, mon cousin, etc.

16. AU MÊME.

Potsdam, 31 janvier 1752.



Mon cousin,

Les sentiments de zèle et de dévouement que vous avez encore bien voulu me marquer par votre lettre du 29 de ce mois m'ont été des plus agréables. J'en ai des preuves trop éclatantes pour pouvoir douter de leur sincérité. Je reconnais parfaitement toutes les obligations que je vous ai des services distingués que vous m'avez rendus dans les dernières guerres, et la satisfaction que j'en ai ressentie ne me permettra pas de les mettre jamais en oubli. Cependant je vous crois trop équitable pour ne pas apercevoir et convenir combien il est difficile et préjudiciable même, par les conséquences qui en résulteraient, de faire des changements à ce qu'une longue coutume a établi dans ma maison, où depuis tout temps, selon ce que vous alléguez vous-même, aucun prince du sang n'a eu le caractère de feld-maréchal général, quoiqu'il y en ail eu qui ont commandé en chef des corps de troupes, et que ce n'est pas sans bonne raison que je continue, dans le cas présent, ce que l'usage a introduit dans ma maison. C'est par cette seule raison-là que je me suis vu obligé de faire mes arrange<26>ments tels que je les ai faits. Il n'y entre ni mécontentement, ni quoi que ce soit contre vous. Vous pouvez être persuadé qu'on pratiquera à votre égard tout ce que l'on a pratiqué à l'égard de feu M. votre père, et vous continuerez sans exception dans toutes les prérogatives dont il a joui. Au surplus, vous devez être assuré de l'amitié sincère et de la considération parfaite avec laquelle je suis, mon cousin, etc.

17. AU MÊME.

Potsdam, 5 février 1762.



Mon cousin,

J'ai été véritablement touché des sentiments de zèle et d'attachement que vous avez bien voulu encore me témoigner par votre lettre du 2 de ce mois, et je vous prie d'être bien persuadé que j'y répondrai toujours par tous les sentiments d'estime que vous avez droit d'attendre de ma part, et que vos intérêts me seront toujours chers. Mais, malgré toute ma bonne volonté pour vous, je me vois cependant nécessité, dans le cas en question, de me régler sur ce qui a été observé de tout temps dans ma maison, où jamais aucun prince du sang n'a prétendu au rang de feld-maréchal général; et je me persuade que vous y acquiescerez aisément, d'autant plus que cette usance ne vous regarde pas vous seul, mais aussi les autres princes du sang, et même mes frères, qui s'y soumettent volontiers. J'ai tout lieu d'espérer que vous voudrez également vous y conformer et vous tranquilliser là-dessus. Je suis avec l'amitié et l'estime la plus parfaite, mon cousin, etc.

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18. DU MARGRAVE CHARLES.

Berlin, 31 janvier 1753.



Sire,

Je me suis rendu entièrement aux volontés de Votre Majesté dans l'affaire qui regardait ce point de grade, que je comptais avoir mérité par la ferveur de mon service, et ce, dans la seule idée de mériter le retour de ses grâces et de sa confidence, comme il lui avait plu de me le promettre.

Il m'est donc bien sensible, avec tout ceci, de voir que V. M. me tienne seul peu mériter de tous les généraux de la garnison d'être initié dans les mystères de l'Instruction militaire2_28-a qu'elle vient de distribuer aux commandeurs des régiments de Berlin, un chacun d'eux étant même autorisé, comme je l'apprends, hormis le colonel de Bardeleben, de faire part de ce livre à leurs chefs; car ce dernier m'est venu dire de son propre mouvement2_29-a qu'il n'osait me le montrer, et qu'il lui était très-expressément défendu d'en rien révéler à personne, mais que le major d'Eckart avait ordre de le communiquer au feld-maréchal de Kalckstein.

Une preuve aussi évidente de la méfiance marquée qu'il plaît à V. M. de mettre autant dans ma personne que dans ce qui regarde le service militaire ne peut que m'être des plus douloureuses, et je ne saurais dissimuler qu'il m'est plus dur que la mort même de servir en parallèle avec mes deux cousins,2_29-b dans le temps que je tiens avoir mérité une meilleure destinée. Enfin j'en remets la décision à la droiture des sentiments de V. M., et suis avec une dévotion inaltérable,



Sire,

de Votre Majesté
le très-humble et très-obéissant serviteur,
Charles.

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19. AU MARGRAVE CHARLES.

(Février 1753.)

Que Sa Majesté avait vu avec surprise ce que le Margrave lui avait voulu marquer du chagrin de ce qu'elle ne lui avait pas envoyé un de ces livres que S. M. avait donnés à quelques-uns de ses officiers, à Berlin; que, bien éloignée de ces sentiments peu favorables au Margrave qu'il voudrait tirer de cette omission, S. M. l'assurait tout au contraire de l'estime qu'elle lui portait et de la confiance qu'elle lui continuerait à jamais; mais quant au susdit livre, S. M. voulait bien lui dire que, comme son contenu ne regardait que des choses pour la plupart assez connues de tous ceux qui avaient commandé des troupes, et que c'était à tort que le colonel de Bardeleben lui en avait parlé, S. M. priait ainsi le Margrave de se tranquilliser parfaitement là-dessus, et qu'il lui ferait un plaisir de ne marquer plus du chagrin à ce sujet, mais de supprimer plutôt tout ce qu'il en avait laissé apercevoir peut-être, et qu'au reste S. M. voulait bien lui réitérer les sentiments de la parfaite estime avec lesquels elle était, etc.2_30-a


2_16-a Voyez t. IV, p. 230.

2_16-b Voyez t. XXIII, p. 241.

2_18-a La croix de Malte. Voyez t. XVI, p. 18.

2_19-a Frédéric fit la campagne de 1734; mais le Roi ne lui permit pas de faire celle de 1735. Voyez t. I, p. 191 et suiv.; t. XI, p. 77-79; t. XVI, p. 141-143 et 144; t. XXVII. I, p. 14 et suiv.; ci-dessus, p. 10; Correspondance familière et amicale de Frédéric II avec U.-F. de Suhm, t. I, p. XVIII-XX; Mémoire sur le roi de Prusse Frédéric le Grand, par Msgr. le P. de L .... (Ligne), Berlin, 1789, p. 47 et suiv.; voyez enfin la correspondance de Frédéric avec son père, en tète de la troisième partie de ce volume.

2_19-b De la main de Frédéric.

2_19-c Fils cadet du Grand Électeur. Il était né en 1677, et mort en 1734, sans avoir été marié.

2_22-a Frédéric parle de l'action de Jägerndorf, qui avait eu lieu la veille du jour où cette lettre fut écrite. Voyez t. III, p. 11-119.

2_22-b L. c., p. 119.

2_23-a George-Frédéric de Schweinichen, lieutenant depuis 1740, et capitaine, depuis 1756, au régiment d'infanterie du margrave Charles (no 19), était né en Silésie en 1719. Il fut blessé mortellement à la bataille de Leuthen, et mourut à Neumarkt le 12 décembre 1757.

2_24-a Le margrave Charles avait eu de Régina Wilke deux enfants naturels, nommés Charles et Caroline. Ils furent anoblis en 1744, sous le nom de Carlowitz. Caroline de Carlowitz. née en 1731, épousa, le 13 septembre 1747, le capitaine comte Albert de Schönbourg-Glauchau.

2_25-a Le comte de Gessler, nommé général de cavalerie le 26 mai 1747, fut élevé au grade de feld-maréchal le 21 décembre 1751, et Hans de Lehwaldt, général d'infanterie depuis le 29 mai 1747, parvint à la même dignité le 22 décembre 1751. Le margrave Charles avait été fait général d'infanterie le 24 mai 1747.

2_26-a Cette coutume subsiste encore. Les généraux de Gneisenau et de Zieten, nommés feld-maréchaux en 1825 et en 1839, ont passé devant les princes Henri, Guillaume et Auguste de Prusse, dont les brevets de généraux de cavalerie ou d'infanterie étaient de plus ancienne date. De même les généraux de Müffling, de Boyen et de Knesebeck, nommés feld-maréchaux en 1847, ont passé devant le prince Guillaume, général de cavalerie depuis le a avril 1814, et inhumé, le 2 octobre 1851, par ordre spécial de Sa Majesté le Roi, avec les honneurs qu'on rend aux feld-maréchaux, comme le prince Auguste l'avait été le 29 juillet 1843. Frédéric lui-même se refusa en 1766, par égard pour son frère Henri, le plaisir de créer feld-maréchaux les généraux baron Fouqué et duc Auguste-Guillaume de Bevern (J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse mit seinen Verwandten und Freunden, p. 337 et 338); et cette considération l'empêcha aussi de conférer à Seydlitz et à Zieten la première dignité militaire. Frédéric-Guillaume Il n'eut pas les mêmes égards pour le prince Henri, et il donna, en 1787, le grade de feld-maréchal au duc régnant de Brunswic, mort en 1806.

2_28-a Cet ouvrage, intitulé : Die General-Principia vom Kriege, appliciret auf die Tactique und auf die Disciplin derer Preussischen Truppen, 1753, fut distribué dès le 23 janvier de la même année.

2_29-a Le mot mouvement est omis dans l'autographe.

2_29-b Les margraves Frédéric et Henri de Brandebourg-Schwedt, disgraciés. Voyez t. XXVI, p. 636, et, ci-dessus, l'Avertissement de l'Éditeur, article II.

2_30-a Ce projet de lettre est de la main de M. Eichel, conseiller intime de Cabinet. Voyez t. XX, p. 308, et t. XXVI, p. 276.