8. DE LA DUCHESSE DE BRUNSWIC.

Brunswic, 18 octobre 1743.



Mon très-cher frère,

M. de Voltaire a été ici doublement bien reçu, comme vous pouvez le croire, m'apportant une de vos chères lettres, qui me sont toujours infiniment agréables par les marques de bonté que vous me témoignez, mon très-cher frère, et qui me sont des plus précieuses. Il est vrai que vous ne m'avez pas trop dit de vérité sur le chapitre de cet honnête homme, et que je trouve en lui tout l'assemblage de mérite, de savoir et d'agréments dans son esprit. Je suis charmée de le voir pour profiter quelque chose de son esprit, en ayant fort besoin, mais craignant fort de ne point réussir. Voltaire ne jure que par vous, mon cher frère, et dit qu'il souhaiterait de pouvoir vivre et mourir à vos pieds. Il est charmé et content de toutes les grâces qu'il a reçues à Berlin. Cependant, malgré tous ses talents, il ne me pourrait point dé<346>dommager, si j'avais l'espérance de pouvoir me retrouver dans la compagnie d'un frère que je chéris autant que vous le méritez, et pour lequel je serai toute ma vie, avec une tendresse et un attachement inexprimable, etc.