<217>penser d'y passer une heure par jour, et je me flatte que, dans ce temps-là, vous voudrez vous servir quelquefois du collier que je vous présente, en vous assurant qu'il part du principe de l'amitié et de la tendresse la plus tendre avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.

247. A LA MÊME.

(Berlin) 15 décembre 1752.



Ma très-chère sœur,

Vos lettres sont toutes si remplies de bonté pour moi, qu'elles me couvrent de confusion. Je crois que vous ne serez pas fâchée de vous trouver un moment seule et de jouir d'une entière tranquillité d'esprit. Je ne sais si c'est un effet de l'âge, si c'est une suite de l'affliction, ou si c'est l'ouvrage de la raison, mais je reviens de jour en jour du goût des plaisirs turbulents, et, si je pouvais suivre mon penchant, je m'adonnerais entièrement à la retraite. Je crois m'apercevoir que vous pensez à peu près de même, ma chère sœur. Le malheur est qu'on se trouve engagé dans une espèce d'esclavage dont on ne saurait se libérer; nous sommes obligés de porter le joug que le destin nous a imposé; notre naissance décide de notre état, et il faut, mal gré bon gré, faire le métier auquel on est condamné. La plupart du monde ambitionne de s'élever; pour moi, je voudrais descendre, si, pour prix de ce sacrifice, qui n'en serait pas, parce qu'il ne me coûterait rien, j'obtenais la liberté. Voilà une lettre qui ne porte guère les empreintes et le style du carnaval; c'est un masque de chauve-souris parmi les dominos couleur de rose. Je vous en demande mille pardons, et je vous proteste que, malgré mon humeur noire, je vous aime et vous chéris avec la plus vive tendresse, étant, ma très-chère sœur, etc.