161. AU PRINCE HENRI.

Potsdam, 23 juillet 1763.



Mon cher frère,

Je viens d'achever, grâce au ciel, tout mon ouvrage de finances, après quatre grands mois de travail; à présent l'ordre est remis partout, et les choses commencent à reprendre leur train ordinaire. J'ai presque pris une aversion pour les calculs et pour les comptes, après les désagréables détails qu'il a fallu revoir. J'ai<281>merais autant avoir fait de l'algèbre; mais comme cela est fini, n'en parlons plus.

Les nouvelles de Vienne marquent que la cour est dans les plus grandes inquiétudes du côté de la Porte; le sultan mériterait d'être fessé, s'il commençait la guerre à présent. Mes lettres de Constantinople n'annoncent aucune rupture; je crois que ces cent mille Turcs qui depuis dix-huit mois sont aux frontières de la Hongrie inquiètent la reine de Hongrie. Le roi de Pologne est à Teplitz avec une nombreuse suite; les Saxons jusqu'ici ne prennent des arrangements pour rien. Le roi de France court à la chasse à Compiègne; le roi d'Angleterre se gratte les c.... Que béni soit le ciel, mon cher frère, que je n'aie que des coïonneries à vous écrire! Ceci vaut mieux que des projets de campagne en réserve pour trois ou quatre cas désespérés dans lesquels on prévoyait qu'on pourrait se trouver.

M. Guglielmi fait ses esquisses, et se prépare à décorer vos plafonds. M. d'Alembert veut voir l'Italie. Notre neveu exerce; moi, je me repose, et vous souhaite à Rheinsberg tous les contentements que vous pouvez désirer, étant avec une parfaite tendresse, etc.