24. AU MÊME.

Parchwitz, 1er décembre 1757.



Mon cher frère,

Je m'en rapporte à mon chiffre pour ce qui regarde nos affaires. J'ajoute qu'aujourd'hui toute mon armée sera rassemblée et en ordre de bataille. Par ce que contiennent les listes, nous sommes trente-neuf mille hommes. Vous pouvez être sûr que l'ennemi a perdu, de son aveu, vingt-quatre mille hommes à la dernière bataille. J'ai tout lieu de bien augurer de ce que nous allons entreprendre;

............... Mais pour être approuvés,
De semblables desseins veulent être achevés.188-c

Attendez donc en patience ce que le sort en décidera.

Vous me parlez de ce commis des vivres; il faut l'échanger contre le Landrath Grävenitz, que les Français retiennent à Lünebourg, pour délivrer ce pauvre diable.

Vous pouvez bien croire que je suis extrêmement occupé ici; ainsi je ne vous en dis pas davantage, sinon que je me réjouis de votre convalescence, et que je vous prie de faire mes amitiés à Seydlitz, étant avec toute l'estime et la plus tendre amitié, mon cher frère, etc.

Je suis ici, depuis le 28, à attendre les autres; j'ai fait depuis <165>le 12, départ de Leipzig, quarante-deux milles d'Allemagne avec les troupes.

Vous avez très-bien fait par rapport à la réponse que vous avez faite aux états de la Priegnitz et de la Vieille-Marche, et il faut espérer que dans peu la marche des Hanovriens fera changer la face des affaires. Le corps de Bevern, sous les ordres du général Zieten, me joint aujourd'hui ici. Nous ferons demain jour de repos; le lendemain j'irai marcher droit à l'ennemi pour l'attaquer dans son poste derrière Lissa, ce qui se fera le 4 ou le 5, ou le 6 de ce mois. Nous l'attaquerons avec autant de vigueur que de prudence et de disposition, et je me flatte que, sous l'assistance du ciel, nous le battrons. Je me vois forcé de l'entreprendre, au risque de ce qui en pourra arriver. J'ai cependant bonne espérance que cela réussira à mon gré, quoique non pas sans peine ni hasard. Si la bataille sera à nous, je reprendrai incessamment Breslau, que le commandant a rendu sans coup férir à l'ennemi. Je tâcherai après de reprendre Schweidnitz. Voilà beaucoup de nouvelle besogne jusqu'au commencement de janvier, et, avant que de nettoyer la Silésie des ennemis qui l'infestent, il faut que tout cela aille bien et heureusement, après quoi les troupes ont un très-grand besoin de repos assuré189-a .....


188-c Racine, Mithridate, acte III, scène I.

189-a Cette partie de la lettre, à partir de « Vous avez très-bien fait, » est en chiffre.