<178>puisse faire souhaiter l'exécution; mais l'amitié et le devoir m'obligent à vous faire des instances à ce sujet, et je n'aurais aucun reproche à me faire lorsque je céderais à votre volonté.

J'ai gémi à l'occasion de la mésintelligence qui a été entre vous et mon frère. Le souvenir que vous m'en donnez aggrave mes peines; mais le respect et la douleur m'imposent le silence, de sorte que je ne puis rien répondre sur ce sujet. Ma sensibilité durera, tandis que mon frère repose à l'abri de l'infortune. S'il vivait encore, je retrancherais volontiers de mes jours pour effacer le nombre de ceux où vous avez été fâché contre lui. Mais il n'est plus temps. Je supporterai avec patience mon malheur. Cependant, si la constance peut rendre l'homme maître de ses actions, elle ne doit pas étouffer le sentiment; et tandis que l'on peut renoncer au bonheur et à l'agrément de la vie, on sent toujours qu'il est dur d'en être privé, et il n'y aurait d'ailleurs point de vertu à se passer des choses indifférentes.

Ma sœur de Baireuth a été à l'extrémité. Elle ne peut pas écrire. Je crains qu'elle ne relèvera pas de cette maladie. Elle ignore encore la mort de mon frère, et l'on appréhende avec raison que cette nouvelle fera évanouir le peu d'espérance que l'on a de son rétablissement.

Agréez que j'ajoute encore les sentiments de respect et d'attachement avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc.

40. AU PRINCE HENRI.

Klenny, près de Skalitz, 3 août 1758.



Mon cher frère,

Nous avons assez d'ennemis étrangers sans vouloir nous déchirer dans notre famille. J'espère que vous rendez assez justice à mes sentiments pour ne me pas regarder comme un frère ou comme un parent dénaturé. Il s'agit à présent, mon cher frère, de conserver l'État, et de faire usage de tous les moyens imagi-