31. AU MÊME.

Camp de Trautenau, 8 octobre 1745.



Mon cher Rottembourg,

Votre chirurgien est venu, qui m'a donné votre lettre. Il m'a tranquillisé tout à fait au sujet de votre santé. Je vous donne mille bénédictions sur votre chemin, ne désirant que de vous revoir en bonne santé. Nous ne pourrons guère séjourner dans ce camp au delà du 12, et je verrai si je pourrai pousser ma campagne inclusivement jusqu'au 20; ce sera le bout du monde. Ensuite les quartiers d'hiver se régleront, et je ne pourrai être tout au plus que vers le 4 ou le 5 de novembre à Berlin. Nous avons eu une bataille au fourrage d'aujourd'hui; les ennemis y sont venus forts de huit mille hommes. Nous y avons quarante-huit hommes de blessés et dix de tués. La maudite guerre!

Je commence à m'équiper tout doucement. J'ai reçu hier de la poudre de cheveux, et aujourd'hui un lit avec des peignes. Vous verrez que je tiendrai encore état avant que de quitter la Bohême.

Je n'ai encore aucune nouvelle; mais je les aurai sans faute à l'arrivée de Möllendorff, et j'espère far fine al mio tormento.608-a Adieu, mon cher; ayez soin du corps le plus débile que je connaisse, et que la fragilité de votre machine ne vous empêche pas de penser quelquefois à vos amis.


608-a Voyez t. XIX, p. 119, et t. XX, p. 299.