8. AU MÊME.

Potsdam, 22 février 1780.



Monsieur le général de Chasot,

Je ne saurais vous dissimuler mon embarras sur l'offre de vos deux fils, que vous venez de me faire d'une manière que je ne saurais qu'y être extrêmement sensible. Si je n'avais qu'à suivre les mouvements de mon cœur, je l'accepterais, et je les placerais tout de suite. Mais, portant déjà, comme ils font, le titre de capitaines au service de France, et ne pouvant accepter un grade <294>inférieur, les principes établis dans mon armée ne me permettent absolument point de les agréger dans la même qualité. Quand même, en considération du mérite du père, je voudrais faire une exception à la règle, et surmonter ma répugnance de faire des passe-droits à mes officiers anciens et bien mérités, l'état complet du corps des capitaines y mettrait un nouvel obstacle; de sorte qu'il me paraît bien plus convenable à leurs intérêts de les laisser au service de France, où, selon la lettre que le prince de Montbarrey vous a écrite, et que vous trouverez ci-jointe de retour, ils feront sûrement leur fortune. En effet, elle vous est extrêmement flatteuse, et j'y ai observé avec plaisir les expressions obligeantes dans lesquelles ce secrétaire de la guerre s'y énonce, tant sur mon personnel que sur mon armée. Sur ce, etc.