<42>de m'écrire, selon messieurs les gazetiers, et dans laquelle les Français sont vilipendés, Voltaire traité de vieille femme, et l'Académie de Berlin de bête. Ce même sot public, qui a voulu si longtemps que V. M. fût bien malade, ne demandait pas mieux que de croire à la réalité de cette lettre : j'ai cru devoir le désabuser, en imprimant à mon tour dans les journaux que messieurs les gazetiers en avaient menti.b C'est à V. M. à leur répondre autrement, si elle juge qu'ils en soient dignes.

Notre jeune roi mérite toujours la bonne opinion que V. M. a de lui. Il aime le bien, la justice, l'économie et la paix. Mais les fripons, les courtisans et les prêtres font bien tout ce qu'ils peuvent pour s'opposer aux réformes et aux règlements que lui proposent les ministres vertueux et éclairés dont il a eu le bonheur et la sagesse de s'entourer. Je ne cesse de faire des vœux pour lui, bien persuadé que, de tous les princes de sa maison, sans exception, il est celui que nous devrions désirer pour roi, si la destinée propice ne nous l'avait pas donné. Je n'en fais pas autant pour les parlements, qui se montrent de jour en jour plus malintentionnés, plus ignorants, et plus opposés au bien. Les voilà, dit-on, qui veulent faire revivre et faire valoir par leurs arrêts les principes absurdes des théologiens sur l'intérêt de l'argent; il ne leur manque plus que ce ridicule, dont je voudrais bien qu'ils se couvrissent, pour leur faire perdre le peu de crédit qui leur reste encore, et pour n'avoir plus même les sots et les fripons dans leur parti.

J'aurai peut-être dans quelque temps une grâce à demander


b Voyez les Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, du 21 mai 1776, p. 321.