<417>a peu de part, et, s'il m'est permis de le dire, il me semble que V. A. R. en est pareillement logée là; tant il est vrai que l'esprit de l'homme ne réussit presque jamais quand il est obligé de travailler malgré Minerve, c'est-à-dire, à des choses contraires à son génie. Aussi me suis-je fait une loi de complimenter le moins que je puis, et de m'en acquitter avec toute la brièveté possible dans les occasions où je ne puis honnêtement m'en dispenser.

J'avais ces réflexions sur le cœur. Je serais mort, je crois, d'inquiétude, si je n'avais pris la liberté d'en faire part à V. A. R., me flattant qu'elles contribueront à la rendre d'autant plus facile à excuser les défauts qu'elle ne saurait manquer d'avoir remarqués dans la susdite Imitation.

Ces réflexions ne sont cependant pas le seul motif qui me porte à importuner de nouveau V. A. R. J'en ai encore deux autres. Voici l'un. J'avais la conscience chargée d'avoir tant maltraité hier certain Épithalame, sans en avoir donné aucune raison. Je me crois obligé de réparer ce défaut, quoique je sois persuadé que ceux de ce poëme n'auront pas échappé à la pénétration et au bon goût de V. A. R. Je les exposerai le plus laconiquement que faire se pourra.

1o Considérant cette ode en gros, il me semble que son auteur n'a jamais lu l'Art poétique de Boileau, ou qu'il a oublié la salutaire leçon par laquelle ce maître poëte en commence le premier chant, et la description qu'il nous donne d'une ode sans défauts, dans le deuxième chant. V. A. R. sachant presque tout son Boileau par cœur, je crois me pouvoir dispenser de rapporter ces deux passages.

2o Cette ode a un défaut que n'eut jamais aucune pièce raisonnable : c'est qu'on a beau la lire et relire, à moins que d'être sorcier, on ne saurait deviner pour qui elle est faite, sans regarder au titre. On comprend, à la vérité, par la dernière strophe, qu'il s'agit d'un jour de noces qui finit comme finissent toutes les noces du monde (idée qui serait excusable tout au plus dans quelque poëme badin, mais qui devient une sottise dans une pièce si grave); mais, à cela près, il n'y a pas de syllabe dans toute l'ode qui ne puisse s'appliquer aux noces de tous les grands princes de l'univers.