<407>a été imprimée en 1729, en quatre volumes, à la Haye,a et illustrée de notes très-intéressantes pour un amateur de la poésie, puisqu'elles contiennent les différents changements que Boileau a faits lui-même dans ses poëmes, et les raisons pourquoi il les a faits. On trouve aussi dans le deuxième tome une Dissertation sur l'histoire de Joconde, dans laquelle le même poëte balance le mérite du fameux La Fontaine et de certain Bouillon, qui ont rimé l'un et l'autre cette historiette de l'Arioste. On ne peut rien lire de plus instructif en fait de poésie que cette Dissertation.

J'ose me promettre de l'indulgence de V. A. R. qu'elle ne prendra pas en mauvaise part la familiarité avec laquelle je lui rends compte de mes lectures poétiques, parmi lesquelles j'aurais dû nommer principalement un soi-disant Essai d'une nouvelle traduction d'Horace en vers français, par divers auteurs.b Je crois que c'est le même livre dont V. A. R. eut un jour la bonté de me parler à l'occasion de ma traduction de trois odes de ce poëte latin.

Je suis actuellement occupé à lire cet Essai, qui contient peut-être la sixième partie des Odes, Satires et Épîtres d'Horace, et je trouve dans la Préface de l'éditeur que ce poëte n'a jamais été entièrement traduit en vers français, et qu'il croit même très-difficile d'y réussir, à moins que plusieurs bons poëtes de génies différents ne s'associent pour y travailler. Trois auteurs, savoir, Le Noble, Régnier-Desmarais et un anonyme, y ont fait insérer leur version des deux premières odes, de celles que j'ai eu l'honneur de présenter à V. A. R. Je souhaiterais qu'elle voulût un jour avoir la curiosité de les confronter avec les miennes, et elle verrait que ces messieurs, quoique poëtes de profession, n'ont pas beaucoup moins mal réussi que moi.

Cette proposition, monseigneur, vous paraîtra peut-être tout aussi impertinente que l'excessive longueur de cette lettre. En


a Cette édition de la Haye nous est inconnue; peut-être le comte de Manteuffel veut-il parler des Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux. Avec des éclaircissements historiques donnés par lui-même. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée d'un grand nombre de remarques historiques et critiques. Enrichie de figures gravées par Bernard Picart le Romain. A Amsterdam, 1729, in-12. Le second volume renferme, p. 328-351, la Dissertation sur la Joconde.

b Amsterdam, 1727, in-8.