<362>que peut-être, dans la guerre qui se prépare contre la Porte, ce sera vous qui prendrez Constantinople à la tête d'une armée victorieuse. Je serai le spectateur de ces hauts faits d'armes; et si la faiblesse de l'âge me donne de trop fortes entraves, je compte célébrer ces merveilles de nos jours, et placer votre nom entre celui d'Alexandre, de César, et celui de l'autocratrice de toutes les Russies entre ceux de Jupiter et de Neptune.

Sur ce, je prie Dieu, etc.

24 DU BARON DE GRIMM.

Le 24 janvier 1786.



Sire,

Je célébrais en silence, mais avec grande solennité, dans mon réduit philosophique, l'anniversaire de la naissance de V. M., lorsqu'une lettre envoyée par M. le marquis de Condorcet m'oblige de quitter mon autel et l'encens qui y brûlait, pour déposer aux pieds de V. M., avec sa lettre, mes vœux, et la rendre témoin de la solennité qu'un jour si grand et si auguste occasionne dans le réduit philosophique. M. de Condorcet, à qui ses calculs font quelquefois oublier l'almanach, se joint à moi avec ses vœux et son encens; ainsi, si V. M. esquive un de nos autels, elle ne pourra pas échapper à l'autre.

Il m'a envoyé sa lettre sous cachet volant, en me priant de la lire, et de joindre mes instances aux siennes pour que V. M. daigne assurer par un seul mot l'existence des lettres dont elle a honoré pendant une longue suite d'années feu d'Alembert. Le dépositaire après la mort de ce dernier, M. Watelet, vient de mourir,a et M. de Condorcet paraît craindre qu'une correspondance si mémorable ne soit pour jamais anéantie. Un seul mot, Sire, que vous daignerez mander à lui ou à moi, un simple ordre de V. M. que cette correspondance soit remise à M. de Condorcet


a Le 12 janvier.