<597>s'il paraîtra de mon vivant. Si tous ceux dont j'ai à parler ressemblaient à V. M., l'écrivain serait soutenu par sa matière; mais quand je pense que j'ai, d'un côté, de mauvais auteurs à disséquer, et, de l'autre, de plats censeurs à satisfaire, la plume me tombe des mains presque à chaque instant. Continuez, Sire, à tenir la vôtre comme vous tenez votre épée; mais continuez-moi surtout les bontés dont V. M. m'honore, et dont je me flatte de n'être pas tout à fait indigne par la tendre et profonde vénération avec laquelle je suis, etc.

127. A D'ALEMBERT.

27 avril 1773.

Je partage ma lettre entre vous, à qui j'écris, et les commis des bureaux des postes, qui ouvrent les paquets. J'envoie à ces commis deux pièces en versa qui pourront peut-être les scandaliser, ce dont je me soucie fort peu, et amuser les encyclopédistes, ce qui me fera plaisir. Vous verrez par ces pièces, qui peut-être ne seraient pas assez exactes pour soutenir la révision des Vaugelas et des d'Olivet, que les chaudronniers tudesques ne châtrent pas, en Teutonie, les chats qui veulent penser; et comme, Dieu merci, nous n'avons point de Sorbonne, ni de bigots assez autorisés pour oser se mêler de censurer les pensées, vous verrez, par les pièces que je vous envoie, que moi et tous les Prussiens, nous pensons tout haut. Cependant je ne saurais vous dissimuler que le secrétaire perpétuela de notre Académie s'est avisé de faire imprimer je ne sais quelle Confession d'un incréduleb qui, comme de raison, se convertit in articulo mortis de ses débauches par peur du diable. C'est ce qui m'a donné lieu de vous adresser


a Voyez t. XIII, p. 111-118, et 119-125.

a M. Formey.

b Cet écrit nous est inconnu.