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361. DU MÊME.

(Aux Délices) juin 1759.

Vos derniers vers sont aisés et coulants;
Ils semblent faits sur les heureux modèles
Des Sarrasin, des Chaulieu, des Chapelles.

Ce temps n'est plus; vous êtes du bon temps.
Mais pardonnez au lubrique évangile
Du bon Pétrone, et souffrez sa gaîté.
Je vous connais, vous semblez difficile,
Mais vous aimez un peu d'impureté,
Quand on y joint la pureté du style.
Pour Maupertuis, de poix-résine enduit,
S'il fait un trou jusqu'au centre du monde,
Si dans ce trou malemort le conduit,a
J'en suis fâché, car mon âme n'abonde
En fiel amer, en dépit sans retour.
Ce n'est pas moi qui le mine et le tue;
Ah! c'est bien lui qui m'a privé du jour,
Puisque c'est lui qui m'ôta votre vue.

Voilà tout ce que je peux répondre, moi malingre et affublé d'une fluxion sur les yeux, au plus malin des rois, et au plus aimable des hommes, qui me fait sans cesse des balafres, et qui crie qu'il est égratigné. Balafrez MM. de Daun et de Fermor, mais épargnez votre vieille et maigre victime.

V. M. dit qu'elle ne craint point notre argent. En vérité, le peu que nous en avons n'est pas redoutable. Quant à nos épées, vous leur avez donné une petite leçon; Dieu vous doint la paix, Sire, et que toutes les épées soient remises dans le fourreau! ce sont les dignes vœux d'un philosophe suisse. Tout le monde se ressent de ces horreurs, d'un bout de l'Europe à l'autre. Nous venons d'essuyer à Lyon une banqueroute de dix-huit cent mille francs, grâce à cette belle guerre.

Pour le parlement de Paris, ce tripot de tuteurs des rois diffère un peu du parlement d'Angleterre. Les sottises dites à haute voix par tant de gens en robe, et avocats, et procureurs, ont germé


a Voyez ci-dessus, p. 9.