« <344>que lorsque les sages seront rois. »a Vos ministres, s'ils ne sont pas rois tout à fait, en possèdent l'équivalent en autorité. Votre roi a les meilleures intentions; il veut le bien; rien n'est plus à craindre pour lui que ces pestes des cours qui tâcheront de le corrompre et de le pervertir avec le temps. Il est bien jeune; il ne connaît pas les ruses et les raffinements dont les courtisans se serviront pour le faire tourner à leur gré, afin de satisfaire leur intérêt, leur haine et leur ambition. Il a été dans son enfance à l'école du fanatisme et de l'imbécillité; cela doit faire appréhender qu'il ne manque de résolution pour examiner par lui-même ce qu'on lui a appris à adorer stupidement.

Vous avez prêché la tolérance; après Bayle, vous êtes sans contredit un des sages qui ont fait le plus de bien à l'humanité. Mais si vous avez éclairé tout le monde, ceux que leur intérêt attache à la superstition ont rejeté vos lumières; et ceux-là dominent encore sur les peuples.

Pour moi, en fidèle disciple du Patriarche de Ferney, je suis actuellement en négociation avec mille familles mahométanes, auxquelles je procure des établissements et des mosquées dans la Prusse occidentale.a Nous aurons des ablutions légales, et nous entendrons chanter hilli, halla, sans nous scandaliser. C'était la seule secte qui manquât dans ce pays.

Le vieux Pöllnitz est mortb comme il a vécu, c'est-à-dire, en friponnant encore la veille de son décès. Personne ne le regrette que ses créanciers. Pour notre respectable et bon mylord, il se porte à merveille; son âme honnête est gaie et contente. Je me flatte que nous le conserverons encore longtemps. Sa douce philosophie ne l'occupe que du bien. Tous les Anglais qui passent ici vont chez lui en pèlerinage. Il loge vis-à-vis de Sans-Souci, aimé et estimé de tout le monde. Voilà une heureuse vieillesse.

Tout ce que vous dites de nos évêques teutons n'est que trop


a Platon, De la République, liv. V, chap. 18. Voyez t. XVI, p. 214 de notre édition.

a Il n'existe aucune trace d'un pareil établissement dans la Prusse occidentale.

b Le 23 juin. Voyez t. XX, p. V-VII, et p. 83-119.