<28>mauvais vers, dans le tumulte et parmi les soins et les embarras dont je suis sans cesse environné.

Vous voulez savoir ce que Néaulme imprime; vous me le demandez, à moi, qui ne sais pas si Néaulme est encore au monde, qui n'ai pas mis depuis près de trois ans le pied à Berlin, qui ne sais que des nouvelles de Fermor, de Daun, de Soubise, de Lantingshausen, et d'une espèce d'hommes dont vous vous souciez très-peu, et dont je serais bien aise de ne pas être obligé de m'informer.

Adieu; vivez heureux, et maintenez la paix dans votre seigneurie suisse, car la guerre de la plume et de l'épée n'ont que rarement d'heureux succès. Je ne sais quel sera mon sort cette année; en cas de malheur, je me recommande à vos prières, et je vous demande une messe pour tirer mon âme du purgatoire, s'il y en a un dans l'autre monde qui soit pire que la vie que je mène en celui-ci.

350. AU MÊME.

Breslau, 21 mars 1759.

Vous ne vous êtes pas trompé tout à fait; je suis sur le point de me mettre en marche. Quoique ce ne soit pas pour des siéges, toutefois c'est pour résister à mes persécuteurs.

J'ai été ravi de voir les changements et les additions que vous avez faits à votre ode. Rien ne me fait plus de plaisir que ce qui regarde cette matière-là. Les nouvelles strophes sont très-belles, et je souhaiterais fort que le tout fût déjà imprimé. Vous pourrez y ajouter une lettre selon votre bon plaisir; et, quoique je sois très-indifférent sur ce qu'on peut dire de moi en France et ailleurs, on ne me fâchera pas en vous attribuant mon Histoire de Brandebourg.a C'est la trouver très-bien écrite, et c'est plutôt me louer que me blâmer.


a C'est ce qu'avait fait l'abbé Caveirac, page 84 de son Apologie de Louis XIV et de son conseil sur la révocation de l'édit de Nantes, avec une dissertation sur la journée de la Saint-Barthélémy, 1758, in-8.