<264>Julien les aurait favorisés; ils haïssent ce qu'il haïssait, ils méprisent ce qu'il méprisait, et ils sont honnêtes gens comme lui. De plus, ayant été tant persécutés par les Polonais, ils ont quelque droit à votre protection.

Après tout le mal que j'ai osé dire des Turcs à V. M., je ne vous propose pas une mosquée; cependant Barberousse en eut une à Marseille; mais vous n'êtes pas fait pour nous imiter. Tout ce que je sais, c'est que votre nom sera bien grand de Danzig jusqu'en Turquie, et de l'abbaye d'Oliva à Sainte-Sophie. Nous donnons, nous autres, beaucoup d'opéras-comiques.

Que V. M. daigne conserver ses bontés au vieux malade Libanius!a

477. A VOLTAIRE.

(Potsdam) 26 novembre 1773.b

Faut-il écrire en mauvais vers
Au dieu qui préside au Parnasse?
C'est aux orgueilleux non experts
A s'armer d'une telle audace.
Moi, né sous un ciel de frimas,
Loin des bords fleuris de la Seine,
Vieux, cassé, sans feu, sans haleine,
Si je tentais dans mes ébats
De rimer encor pour Voltaire,
Je mériterais pour salaire
Le traitement de Marsyas.

M. Guibert m'a vu avec des yeux jeunes qui m'ont rajeuni. Mes cheveux blanchissent, ma force se dissipe, et ma chaleur s'éteint. Il n'est donné qu'à Voltaire de rajeunir. Les protégés d'Apollon sont plus favorisés que ceux de Mars. Au lieu de vingt


a Le philosophe Libanius était l'ami de l'empereur Julien; ce prince lui adressait des lettres affectueuses dont plusieurs ont été conservées.

b Le 21 novembre 1773. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 208.)